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Le nombre d’animaux sacrifiés pour l’expérimentation continue d’augmenter, et c’est anormal
Article mis en ligne le 15 mai 2019
dernière modification le 13 mai 2019

Si l’on en croit les déclarations des chercheurs qui pratiquent et soutiennent l’expérimentation animale, nous pouvons dormir « sur nos deux oreilles ». Comme ils l’affirment avec conviction : « Il y a une réglementation très stricte qui part de l’Union européenne ainsi qu’une charte éthique, on ne peut pas faire n’importe quoi… »

Il y a bien effectivement une directive européenne « relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques » promulguée en 2010 (transposée en droit français dans le décret 2013-118 du 1er février 2013) qui pose un certain nombre d’obligations aux États membres, propres à réduire le nombre d’animaux utilisés dans les procédures et les souffrances qui leur sont infligées ; il formule même au point 10 du préambule l’objectif final « que constitue le remplacement total des procédures appliquées à des animaux vivants à des fins scientifiques et éducatives, dès que ce sera possible sur un plan scientifique ».
Le nombre d’animaux utilisés à des fins scientifiques et éducatives a augmenté de 8,4 % en deux ans

Nous serions donc en droit de nous dire que nous sommes dans une phase de transition qui prépare l’avènement à moyen terme d’une science du vivant capable de s’abstraire totalement du « modèle animal ». Qui dit transition dit processus, étapes…

Mais les chiffres sont têtus et contredisent les discours qui se veulent rassurants. (...)

Et ces chiffres n’incluent pas les animaux élevés et tués pour le prélèvement de leurs organes et leurs tissus dont on sait que l’utilisation a augmenté de manière considérable ces dernières années. On relève aussi que les procédures dites « sévères » – c’est-à-dire les plus douloureuses – sont en constante augmentation.

À peine un quart des animaux sont utilisés en recherche appliquée (celle qui a pour objet l’étude des maladies, la recherche des traitements et l’évaluation de l’efficacité de « candidats médicaments »). Les autres sont utilisés en recherche fondamentale (celle qui a pour but d’augmenter les connaissances sans préjuger des applications possibles), pour l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux (tests de toxicité notamment), pour l’enseignement et la formation, sans oublier la recherche militaire.

Le constat est désolant mais réaliste : rien n’est fait concrètement pour accompagner la transition vers une recherche sans animaux. Les chiffres témoignent de cette absence de volonté politique.
Des financements nettement insuffisants pour développer des méthodes non-animales (...)

L’enjeu est sociétal. Il est temps que nos gouvernants et nos élus prennent activement leur part car rien ne pourra se faire sans la mise en œuvre de mesures d’envergure.

Afin de sensibiliser les candidats écologistes EELV sur cette question souvent ignorée par les politiques, nous avons convié Yannick Jadot à visiter samedi dernier la start-up rennaise Cherry Biotech spécialisée, entre autres, dans le développement des organes sur puce, biotechnologie utilisant des cultures cellulaires 3D et la micro-fluidique. Les « organs on chip » [soit des organes sur puce, qui permettent de simuler l’activité d’organes vivants] permettent d’évaluer avec une grande fiabilité les effets de substances chimiques (dont les médicaments) sur un organisme humain ou d’étudier le développement de différentes pathologies, sans utiliser d’animaux.

« Les animaux ont une valeur intrinsèque qui doit être respectée » – extrait du considérant 12 de la directive. Il est grand temps de mettre les paroles en actes. (...)