
Alors que le gouvernement écossais a ordonné fin janvier un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique [1], le Premier ministre britannique David Cameron semble déterminé à poursuivre sa ruée vers ce shale gas, nouvelle énergie « miracle ». La résistance s’organise, décidée à faire reculer une meute d’industriels déjà bien installés.
le Premier ministre britannique s’est distingué par son empressement à dérouler le tapis rouge aux industriels, à grand renfort de génuflexions légales et de cadeaux fiscaux, réduisant de moitié leur taux d’imposition en 2013 et promettant de reverser la totalité des recettes aux collectivités locales impactées. Et tant pis si M. Cameron avait un temps fait campagne en promettant une « révolution verte », une « croissance verte » ou encore « le gouvernement le plus vert de l’histoire ». Il vient d’ailleurs de soumettre une loi au Parlement autorisant le forage de puits de fracturation hydraulique sous des habitations, dispensant les industriels d’obtenir le consentement de leurs occupants. « Je veux que ça aille aussi vite que possible », annonçait George Osborne, ministre des Finances.
Et voilà qu’en 2011, le premier site de fracturation hydraulique du Royaume-Uni lançait fièrement ses forages exploratoires à une cinquantaine de kilomètres de là et… causait deux petits séismes. Eu égard à la pollution et aux maladies neurologiques que peuvent entraîner les produits chimiques utilisés pour l’extraction du gaz, les promesses d’énergie pas chère se sont quelque peu affadies. « Plus j’en apprends, plus ça m’a l’air mauvais, lance Peter, un ingénieur retraité des plateformes pétrolières écossaises, agrippé à sa pancarte dans la manifestation d’Ellesmere Port. En dessous de nous, il y a la deuxième plus grande nappe phréatique d’Angleterre. Et on laisse tous ces produits se répandre dans le sol. » Sans oublier que « contrairement aux États-Unis, il y a peu de grands espaces libres ou inhabités en Angleterre, ajoute Tina. Alors on voit des entreprises installer des puits de forage près des zones urbaines, à côté d’habitations. Ici, (à Ellesmere Port, ndlr) c’est une zone industrielle mais vous traversez la route et vous arrivez dans un quartier résidentiel ».
Aussi n’est-il guère étonnant de voir apparaître autant de groupes militants que de puits de forage. (...)
« On est super optimistes, ajoute Tina en partant. Ils ont banni le schiste à New York en décembre (2014) après des années de contestation, je ne vois pas pourquoi on n’y arriverait pas ici. » Un succès qui pourrait définitivement dévier l’avidité des industriels vers des pays plus accommodants comme la Tunisie ou l’Algérie (quoi que...), par exemple.