
Au grand concours de l’indignité, on ne sait qui gagnera dans l’affaire de l’extradition de Sonja Suder, 79 ans, et Christian Gauger, 70 ans, embarqués manu militari, le 14 septembre 2011 au matin, pour être extradés de France vers l’Allemagne afin d’être déférés devant un tribunal de Francfort.
A tout seigneur, tout honneur, c’est bien sûr l’abject Sarkozy à qui on doit ce déni de droit, déni d’humanité, déni de tout. Le monsieur est coutumier du fait, mais reconnaissons que, là, il s’est surpassé. C’était lui qui déclarait, avec bon sens, il n’y a pas si longtemps, à propos de Roman Polanski, auquel était reprochés des actes relativement graves, que « ce n’est pas une bonne administration de la Justice que de se prononcer trente-deux ans après les faits, alors que l’intéressé a aujourd’hui soixante-seize ans ». Comme le font remarquer la Ligue des droits de l’homme et le comité de soutien à Sonja et Christian, c’est trente-six ans après des faits relativement bénins (quelques incendies sans victimes) qu’une femme de 79 ans et un homme lourdement handicapé de 70 ans ont été extradés de France ce 14 septembre.
Si le gouvernement français s’est déshonoré, le gouvernement allemand, qui réclamait cette extradition, n’a certes pas fait mieux. (...)
Pire encore, le législateur européen, qui en instituant le monstrueux « espace judiciaire européen » a osé inclure un principe aussi aberrant que la notion qui voudrait que le droit du pays requérant prime sur celui du pays auquel est demandée l’extradition. D’un seul coup, il aura aboli tout le droit extraditionnel qui consistait précisément à imposer, par exemple, qu’une peine n’existant pas dans le pays de départ ne puisse s’appliquer dans le pays d’arrivée. Parce que c’est le fondement même du droit qu’il est d’application territoriale. Ainsi, désormais, si l’un des pays de cet espace judiciaire européen votait une loi condamnant les porteurs de lunettes, tous les porteurs de lunettes d’Europe seraient, suivant cette nouvelle conception du « droit » extradables vers ce pays... (...)
La justice n’est pas censée être le lieu de la barbarie. Pour embarquer Christian Gauger, il a fallu... une ambulance ! Et il n’était certes pas incarcérable, à son arrivée à Francfort, autrement que dans un hôpital... Quant à Sonja, elle a rien de moins que... 79 ans. Comprend-on que dans ces conditions, ces individus passibles d’une condamnation à une peine forcément légère, s’ils venaient à être présentés devant un tribunal, ont été condamnés à l’équivalent d’une peine de mort ?!
Espérons qu’il n’en soit rien et qu’ils survivent à l’épreuve. Ce n’était pas l’avis des médecins quant à Christian en tout cas. Ainsi, les deux gouvernements, français et allemands, et la cascades de juristes qui auront facilité ce crime judiciaire, l’auront commis en connaissance de cause.
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Pour la libération de Sonja Suder et Christian Gauger
Communiqué LDH (...)