
Entre 1810 et 1940, 35.000 hommes, femmes et enfants ont été arrachés à leur terre lointaine pour être exhibés comme des animaux sauvages dans des zoos en Occident. Un documentaire remarquable et bouleversant diffusé sur Arte permet de regarder en face cette réalité méconnue de notre histoire.
Exhiber des "sauvages" derrière des grilles, c’était avant tout légitimer la colonisation et prouver la prétendue supériorité de l’homme blanc.
C’est un film remarquable, bouleversant et surtout nécessaire. Il nous rappelle qu’à partir du 19ème siècle et jusqu’à la deuxième guerre mondiale, des hommes, des femmes et des enfants ont été exposés dans des enclos, dans des cirques, derrière des grilles, dans des expositions universelles ou coloniales. On est allé les chercher au bout du monde pour les réduire à l’état de bêtes curieuses. "Sauvages, au cœur des zoos humains" est à voir sur Arte.
On a beau savoir que les zoos humains ont existé, ce documentaire de Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet permet de prendre la mesure de ce que cela signifiait réellement, concrètement. Ce film, dont Abd Al Malik est le narrateur, repose sur une quantité impressionnante d’images d’archives : des photos, des journaux, des films en noir et blanc. (...)
Le grand mérite de ce documentaire, c’est de nous raconter en détail l’histoire de quelques uns de ces êtres humains humiliés, maltraités, traumatisés dont les manules d’Histoire n’ont pas retenu les noms. Tambo, Aborigène d’Australie. Ota Benga, Pygmée du Congo. Moliko, venue de Guyane. Au total, plus de 35.000 personnes furent "exposées" en France, en Allemagne, en Grande Bretagne ou aux États-Unis. La foule se pressait pour les voir, fascinée par l’exotisme de ces prétendus "sauvages".
Les descendants de personnes exhibées sont aussi interrogés. Et c’est exceptionnel. (...)