
Violences policières, Notre-Dame-des-Landes, Front national, Nuit debout mais aussi écologie, Pierre Rabhi, spiritualité et zapatisme… la rappeuse marseillaise a accordé à « Reporterre » un entretien exclusif. Redoutant une guerre civile, elle souhaite une ouverture des consciences à la bienveillance et une libération du pouvoir créateur de chacun pour désintoxiquer les esprits.
(...) J’ai écrit ces textes suite aux événements de novembre, dans le contexte de la mise en place de l’état d’urgence. C’est un état d’urgence national mais aussi mondial. Depuis le 11 Septembre, il y a eu toute cette conjoncture de lois liberticides et antiterroristes, et puis la France est partie en guerre, ça fait 15 ans maintenant. Mais la guerre, c’est dans les deux sens : c’est facile de la faire du haut de ton avion, en envoyant des missiles et en tuant plein de gens. Mais, à un moment donné, on se la mange en retour, et c’est toujours des innocents qui payent. Pour moi, il y a vraiment un avant et un après 11 Septembre et on vit cette continuité, avec notre 11 Septembre à nous aussi.
Le 13 novembre, c’est un 11 Septembre français ?
Certains diront Charlie Hebdo, d’autres le 13 novembre, mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde est dans la peur maintenant, on cherche des coupables tout le temps, on est dans la division et la haine, on se communautarise à fond. On en est arrivé à des pensées hyper-violentes, la majorité des gens serait presque pour la peine de mort maintenant ! Mais comme on est représenté par Sarko ou Valls, qui sont eux-mêmes hyper-violents et hyper-bas… Peut-être qu’on a les représentants qu’on mérite, mais je trouve qu’on tombe dans une vague d’obscurantisme.
Et pour moi, c’est devenue une urgence de se poser les bonnes questions. Je crois qu’il est important de canaliser cette violence et d’insuffler un peu de paix. Il faut qu’on arrive à faire un effort de bienveillance, parce que sinon, ce n’est pas la révolution qui nous attend, mais la guerre civile. (...)