
Sale temps cet été pour la mémoire historique. Tandis que l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi est refusée en raison de son militantisme pour l’indépendance de l’Algérie, une plaque à la gloire du général Salan, fondateur et chef de l’OAS, est dévoilée sur sa maison natale à Roquecourbe (Tarn). Pendant ce temps, à Foix (Ariège), une autre plaque rend hommage au général Bigeard en lui attribuant un rôle qu’il n’a pas joué dans la libération de la ville, le 19 août 1944, et en taisant sa responsabilité dans les tortures pratiquées durant la guerre d’Algérie.
Le maire divers droite de Roquecourbe, Michel Petit, ancien patron du textile, est fier d’honorer le général Salan, « le militaire le plus décoré de France ». Sans sourciller sur le rôle de l’OAS, une organisation criminelle qui assassina entre 1 700 et 2 200 personnes à partir de sa création en février 1961. Selon certains historiens, ces estimations sont sous-estimées. L’OAS perpétra des dizaines et des dizaines d’attentats terroristes en Algérie et en métropole et plusieurs d’entre eux visèrent de Gaulle. Salan appartenait aussi à ce « quarteron de généraux félons » impliqué dans le putsch d’Alger le 21 avril 1961. Pendant cette sale guerre coloniale, Salan revendiquait l’usage de la torture.
Un réécriture de l’histoire
À Foix, c’est un maire PS, Norbert Meler, qui réécrit l’histoire : Bigeard, appelé alors commandant Aube, participa certes à la libération de la préfecture de l’Ariège mais il n’avait pas sous ses ordres la 3 e brigade des guérilleros espagnols, bien au contraire. Cette 3 e brigade, conduite par Pascual Gimeno Rufino, dit commandant Royo, mena la bataille décisive le 19 août 1944. Le texte qui devait figurer sur la plaque commémorative a été amputé par le maire lui-même, escamotant ainsi le rôle historique de ceux qui, après avoir combattu le franquisme, poursuivirent de l’autre côté des Pyrénées la lutte contre l’occupant nazi. Quant à Bigeard, il affirma à propos de la guerre d’Algérie que « la torture est un mal nécessaire ». Il donna aussi son nom à une sinistre méthode, la « crevette Bigeard » : il s’agissait d’enlever un partisan de l’indépendance algérienne, de le faire disparaître en Méditerranée et de nier toute implication. (...)
Et on s'étonne pour Gisèle Halimi ; au moins, elle sera restée, même dans la mort, réfractaire
— Hassina Mechaï (@HassinaMechai) September 1, 2021
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