
La Grèce prépare activement son 15 août, et aux dires de tout le monde se prépare aussi, à “ce qui arrivera en septembre”. Les rues d’Athènes sont de plus en plus désertes cela devient enfin perceptible, sauf que rien ne se répète plus à la manière du passé. Même pas l’histoire.
Aux fermetures définitives, s’ajoutent celles du mois d’août, la saison se superpose ainsi au temps qui fait. Cette drôle de première guerre géoéconomique du 21ème siècle ne fait que commencer, on le sait désormais... mais en Grèce, nous serions en vacances. (...)
La crise, c’est d’abord de la nostalgie... puis de la névralgie par... maladie systémique et ensuite, l’explosion ou l’implosion. C’est selon. (...)
En ce mois d’août, décidément si étrange car telle est l’impression généralisée à Athènes et au-delà en ce moment, la... pluie incessante de nouvelles en tout genre, d’ailleurs plus graves que jamais, ne s’arrête, et ne s’arrêtera plus paraît-il devant les divinités de l’été grec. Anestis, cadre dans une grande maison d’édition croyait entamer ses vacances vendredi dernier, mais c’était vers 18h que la direction lui annonça son licenciement, sans préavis ni autre explication, hormis une vague allusion aux “restructurations désormais inévitables”. Anestis, son épouse et leurs deux enfants partiront peut-être pour le 15 août, “tant que c’est encore possible”. (...)
. “En cet été dense et lourd de 2013, beaucoup de gens que je rencontre, très différents les uns des autres, portent en eux ce même sentiment : qu’à travers les délais de cette crise on arrive à son compte à rebours, et que nous nous dirigeons tout droit vers ce sommet. Ce point culminant connaitrait alors plusieurs aboutissements possibles en fonction des individus et des sensibilités, sauf que tous ces aboutissements se révéleront bien dramatiques et douloureux. Mais en même temps, ils nous apporteront la délivrance”, écrit par exemple lundi 12 août Nikos Xydakis dans “Kathimerini”, un quotidien pourtant réputé mainstream. (...)
C’est désormais évident, en trois ans qui se sont écoulés depuis le premier mémorandum nous avons d’abord officiellement appris que la souveraineté nationale sera indéfiniment suspendue, pour ensuite admettre à nos dépens que la faillite de l’État, entraîne la contraction de la souveraineté populaire et la paupérisation tant à travers notre sphère privée, que de notre existence sociale. In fine, elle entraîne aussi l’instabilité politique. La vaste classe moyenne, tous ces ménages qui jusque là ont été relativement épargnés de la crise, l’ont ainsi appris entre-temps. Et pour la plupart d’entre eux, leurs existences individuelles ont été à ce point brisées, qu’il ne sera plus question de vie, mais de survie. Pour tous ces gens, il n’existe plus rien à perdre ni à même à craindre. Tel serait alors ce point culminant de la crise, cette rupture, que beaucoup de Grecs se la pressentent comme imminente en cet été 2013. (...)
mes amis français qui rentrent chez eux, après avoir séjourné en Grèce durant une bonne partie de l’été comme lors d’une histoire parallèle : “Je suis atterré, après sept semaines de coupure où je n’ai suivi que ce qui se passait en Grèce, de voir la propagande lénifiante qui règne ici... sur la reprise qui est à nos portes ! Autrement dit, fermez vos gueules et avalez tout ce qu’on vous prépare à la rentrée, c’est le dernier effort avant le bout du tunnel ! Le seul point positif c’est que le tabou de l’euro commence à sauter. Enfin, Frédéric Lordon s’est converti : impeccable article dans le Monde diplomatique”.En tout cas, en Grèce nous serions en avance d’une guerre, en témoignent, nos pratiques, nos mutations, et même nos suicides... existentiels ou politiques.