
Quel système éducatif voulons-nous ? Pour quelle société ? Autant de questions qui se posent à nouveaux frais depuis l’épreuve subie par les élèves, les parents et les enseignants durant la période de confinement due à l’épidémie du COVID 19 et du fait notamment de la gestion désastreuse de la mal nommée « continuité pédagogique », avec la volonté du gouvernement Macron d’accélérer les transformations du système éducatif sous la houlette du ministre Blanquer, sans surprise maintenu à son poste pour la deuxième partie du quinquennat. (...)
C’est dans ce contexte que l’ouvrage coordonné par Martine Boudet invite à résister à la politique mise en œuvre depuis plusieurs années par les gouvernements successifs, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, pour envisager la possibilité de refonder l’école, ce qui ne saurait nous laisser indifférents, tant il est vrai que la lutte pour une école réellement démocratique et émancipatrice n’est que la transposition de la lutte des classes sur le terrain éducatif, car tout projet éducatif résulte d’un projet de société. (...)
la résistance est possible face à la « culture de la violence instituée » instaurée par l’avalanche de réformes qui, « à défaut de légitimité, sont le plus souvent imposées par la force ».
D’entrée de jeu, Martine Boudet pointe l’enjeu dans son article introductif « Une décennie de dérive autoritaire de l’école et à l’université ».
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elle estime qu’« il est de la responsabilité du monde enseignant de contribuer à la reconstitution d’un intellectuel collectif à la hauteur des défis de la période […] face à l’hégémonie idéologique […] pour faire valoir d’autres modèles éducatifs ».
Le public de lecteurs potentiels est clairement ciblé. Mais quid des autres composantes de la société et notamment du monde du travail ? Qui, en définitive, est habilité à décider des formes et contenus du système éducatif ? Seulement les enseignants ? Qu’en est-il des autres catégories de personnels, des parents et des élèves eux-mêmes ? Leur inclusion à ce débat mènerait-elle à une configuration plus ou moins autogestionnaire ? Plus largement, faut-il y associer – sous quelles formes et dans quelles limites – les représentants du monde du travail (salariés, patronat…) ? Et donc, quelle place accorder aux politiques (élus) ? Ces questions auraient au moins mérité d’être posées.
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le nouveau système d’évaluation qui se met en place à marche forcée tend à mesurer qualitativement des attitudes, des capacités de conduites, plutôt que de sanctionner un niveau de résultats en fonction d’une assimilation abstraite de connaissances, ce qu’était l’ancienne notation.
D’où le décalage de plus en plus spectaculaire et mal supporté par un grand nombre d’enseignants qui restent attachés à la valeur culturelle et désintéressée de leur enseignement face à ce qui leur est présenté comme la mise en œuvre modernisatrice de pédagogies nouvelles soumises de fait aux normes de l’économie compétitive de marché.
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