
C’est le plus grand site nucléaire de France, qui réunit une centrale électrique et près de dix usines et entrepôts atomiques. Les incidents s’y multiplient depuis quelques années. L’endroit est-il le plus dangereux du pays ? Reporterre y est allé voir.
Des fuites de tritium incontrôlées, des arrêts d’urgence de réacteurs à répétition, l’explosion d’une pompe hydraulique touchant trois ouvriers contaminés par des effluents liquides radioactifs, l’intrusion de vingt-neuf militants de Greenpeace au sein de la centrale, le non-respect des mesures élémentaires de sécurité et de confinage, un directeur de centrale remplacé au pied levé...
Ces derniers mois, la centrale nucléaire de Tricastin a connu une actualité chargée d’ inquiétants incidents. Alors qu’est débattue l’idée de prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs à cinquante voire soixante ans, Reporterre s’est donc posé la question : Tricastin est-elle la centrale la plus dangereuse de France ?
Nous sommes partis enquêter sur place. A Pierrelatte précisément, ville de 13 000 habitants, chef-lieu d’un canton de la Drôme, à dix km du site nucléaire de Tricastin. Où l’on a posé le sac à l’hôtel du Tricastin. (...)
Étendu sur une surface de plus de 600 hectares à cheval sur deux départements – Drôme et Vaucluse – et deux régions administratives, Tricastin constitue le plus grand site nucléaire de France, devant la Hague et son usine de retraitement du combustible. Tricastin n’est pas seulement une centrale de production d’électricité, mais un complexe industriel nucléaro-chimique qui réunit plusieurs exploitants et différents procédés de fabrication. (...)
La centrale de Tricastin est la troisième plus âgée du parc nucléaire français. Construite à partir de 1974, puis mise en service en 1980 (réacteurs 1 et 2) et 1981 (réacteurs 3 et 4), elle a dépassé sa durée de fonctionnement initialement fixée à trente ans. Le réacteur n°1 de Tricastin a d’ailleurs été le premier du parc français à obtenir l’autorisation de l’ASN d’une prolongation d’exploitation de dix ans, en décembre 2010.
Pourtant, plusieurs voix s’opposent à cette prolongation. Le collectif Stop Tricastin estime que le vieillissement des installations est un enjeu de sûreté et de sécurité. « Tricastin est une centrale périmée. Elle a été conçue pour durer trente ans et elle est arrivée à son terme. Les nombreuses détériorations nous prouvent qu’on ne devrait pas aller au-delà du temps de fonctionnement envisagé initialement », témoigne Alain Volle, militant du réseau Sortir du nucléaire dans la Drôme et cofondateur du collectif Stop Tricastin.
La centrale du Tricastin est-elle réellement dangereuse ?
– A suivre demain