
La protection sociale, c’est environ 650 milliards d’euros de dépense par an. Il y a notamment deux postes qui pèsent sur le travail de manière absurde : la famille et la maladie. La famille, c’est 36 milliards d’euros qu’il faut transférer (…) La maladie, c’est aussi un poste qui pourrait être revu. Le Président de la République a parlé d’abus de la protection sociale. Il a voulu montrer qu’il n’y a pas de dogme. Là, j’ai applaudi, il faut y aller. L’important, c’est d’enclencher le processus, c’est d’y croire et de le faire avec les partenaires sociaux. » Pierre Gattaz, président du Medef dans une interview au journal le Monde du 4 janvier 2014.
Le président du Medef s’est engouffré dans la brèche ouverte par le « pacte de responsabilité » proposé par Hollande dans ses vœux de nouvel an. « Moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités [des entreprises] et, en contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social » avait-il affirmé, annonçant sa volonté de « réduire la dépense publique » et, concernant la Sécurité sociale, d’en « terminer avec les excès – nous les connaissons –et les abus »…« Maintenant, il faut passer de la parole aux actes, exige Gattaz. (...)
Depuis la création de la Sécurité sociale en 1945, les patrons rêvent d’être libérés de cette contrainte « absurde » qui les oblige à renoncer à une partie de leurs profits pour financer des droits fondamentaux pour les salariés : continuer à toucher son salaire, même quand on est dans l’incapacité de travailler, accéder aux meilleurs soins, avoir les moyens d’élever ses enfants, pouvoir vivre décemment sa retraite.
Au nom de la défense de l’emploi, le gouvernement s’apprête à donner satisfaction aux patrons. (...)
Il est indispensable de défendre le salaire socialisé. Notre force de travail créée de la richesse. La mesure de cette richesse est la valeur ajoutée (le total des valeurs ajoutées = le PIB) Sa répartition : Salaire total = le salaire brut + la part « patronale » des cotisations (« les charges sociales » selon le patronat) + le profit (la plus-value). Les deux parties du salaire : salaire net + salaire socialisé (= les cotisations sociales composées de la part « salariale » et de la part « patronale »)
Depuis 65 ans, le patronat veut remettre en cause le financement de la sécu par la cotisation sociale (...)
La nature du financement de la sécu est une question politique majeure, et non une question de réponse pragmatique au financement de la protection sociale. C’est une bataille fondamentale entre le travail et le capital pour l’appropriation de la richesse produite. (...)
Fiscaliser aurait pour conséquence le retour à une couverture minimum pour les plus pauvres, payée par une fiscalité de plus en plus lourde, et pour celles et ceux qui auraient les moyens, le recours aux assurances privés et aux fonds de pensions. Fiscaliser, c’est saper les fondements de la sécu !