
Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, la troisième fortune mondiale, gavé par la banque centrale européenne (BCE) ? Vous ne rêvez pas. La banque centrale européenne a subventionné le rachat par LVMH, groupe de Bernard Arnault, d’un joaillier américain, pour 14 milliards d’euros. À travers des programmes de rachat d’actifs financiers, la BCE subventionne bien des milliardaires. Quand elle refuse, « en même temps », d’annuler les dettes publiques et de financer la transition écologique. Ce véritable scandale démocratique est passé totalement sous les radars médiatiques.
Du côté de la presse française ? À part dans la presse spécialisée, silence radio.
(...) On parle pourtant de Bernard Arnault. L’homme le plus riche de France. Le troisième homme le plus riche du monde juste derrière Bill Gates et Jeff Bezos. Le patron d’Amazon a pris « un peu » d’avance dans la course à l’accumulation de milliards. Celui-ci a en effet empoché 24 milliards de dollars pendant le confinement. Mais Bernard Arnault peut aussi se frotter les mains. Son groupe de luxe, LVMH, vient de racheter « Tiffany & Co » : une entreprise américaine de joaillerie et d’« art de la table ». Fondée en 1837 dans Manhattan à New York, cette entreprise a atteint une cotation boursière de 14 milliards de dollars au moment de son rachat par le groupe de Bernard Arnault.

Jusque-là, rien d’inhabituel pour le n°1 mondial du luxe. LVMH est coutumier du fait et engloutit les groupes de luxe les uns après les autres. Petit détail cependant. En février dernier, LVMH a lancé une émission obligataire pour un montant de 9,3 milliards d’€ dans le but de financer l’achat de « Tiffany ». Or, depuis juin 2016, un nouveau programme d’achat d’actifs financiers a été lancé par la BCE : un programme d’achat d’obligations « corporate », émises par les entreprises de la zone euro (programme CSPP). Et c’est grâce à ce dispositif que LVMH a pu se gaver auprès de la BCE. L’insoumise Manon Aubry a été une des rares élues à dénoncer le scandale. Nous l’avons donc invitée sur l’insoumission, pour nous l’expliquer. Et comme vous pourrez le constater dans notre interview, ce n’est que le premier scandale dans l’Affaire BCE-Arnault.
De directrice adjointe de la BCE au conseil d’administration de LVMH : le cas Natacha Valla (...)
Utiliser de l’argent public pour financer le rachat de Tiffany par LVMH ? Christine Lagarde ne voit pas le problème. La présidente de la BCE répond : « le programme de rachat d’obligation corporate (CSPP) par la BCE est collé à la photographie du marché. Les titres verts représentent 20 % du marché. Ils représentent donc 20 % de nos achats. » Le réchauffement climatique ? Que nenni ! Ce n’est pas le problème de la BCE qui se borne à reproduire fidèlement la compétition et les rapports de force du marché dans sa politique monétaire. La BCE est indépendante, on vous dit ! Indépendante des États, ça oui. Indépendante des intérêts privés et financiers ? C’est plus compliqué. Un cas illustre assez bien les passerelles et potentiels conflits d’intérêts entre dirigeants de la BCE et des plus grands groupes mondiaux.
Elle a un nom, elle a une adresse : Natacha Valla, directrice adjointe de la politique monétaire de la BCE. Enfin… elle l’était jusqu’au 30 juin 2020, jour où nous écrivons ces lignes. Dès le 1er Juillet, Natacha Valla aura rejoint le conseil d’administration… de LVMH. (...)
Depuis des décennies, la dette publique est utilisée pour justifier les politiques austéritaires, comme prétexte pour détruire nos services publiques et privatiser des pans entiers de nos économies. Le sujet de la dette publique constitue donc une priorité politique absolue qu’on ne peut laisser aux pseudos experts. Il est temps d’une saisine citoyenne de ces questions. Car tout en découle. Il n’y aura pas de réelle bifurcation écologique sans débat sur les statuts de la BCE. Mais en attendant, silence, la BCE enrichit l’homme le plus riche de France.