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rue 89/Nouvel Observateur
Rwanda : j’ai enquêté sur les responsabilités de la France, posez-moi vos questions
Article mis en ligne le 7 avril 2014

Je suis un journaliste indépendant. Je suis passé par RFI puis par Rue89, que j’ai quittée en 2011 pour Owni. J’ai ensuite cofondé La Revue dessinée.

J’enquête depuis des années sur le génocide rwandais et sur le rôle joué par la France au commencement de cette tragédie. J’ai coécrit deux livres sur le sujet, dont l’un vient de paraître :

« Une guerre noire. Enquête sur les origines du génocide rwandais », avec Gabriel Périès (éd. La Découverte, 2007) ;

« Au nom de la France, guerres secrètes au Rwanda », avec Benoît Collombat (éd. La Découverte, 2014).

Pour ce deuxième ouvrage, nous avons retrouvé des archives inédites et rencontré des acteurs qui ont accepté d’apporter leur témoignage sur les événements.

Il en ressort que la France a ouvert un engrenage terrible en menant une diplomatie secrète dans cette région. Elle a compromis son armée dans une guerre qui a débouché sur le génocide de l’été 1994.

A l’heure où les relations s’enveniment de nouveau entre Paris et Kigali, je répondrai à toutes les questions que vous me poserez dans les commentaires sous cet article.

Je commencerai cet après-midi, vers 15 heures. (...)

Ogmisdeath  : Pourriez-vous hiérarchiser les degrés d’implication des hauts responsables français ? Les donneurs d’ordre Alain Juppé, Edouard Balladur, François Mitterrand, Roland Dumas. Et les exécutants...
Pour ces respobnsables, quelle sanction pourrions-nous envisager ? Les envoyer au TPI relève-t-il du fantasme ?

Oui, il y a bien une sorte de hiérarchie dans le groupe d’hommes responsables de la politique de François Mitterrand sur le Rwanda.

Dans le livre, nous décrivons ces « trois cercles du pouvoir » comme suit :

  • Le premier cercle est « politique », composé des très proches conseillers du président de la République : son fils, Jean-Christophe, conseiller Afrique, le chef d’état-major particulier, le général Christian Quesnot et le secrétaire général de l’Elysée, Hubert Védrine.
  • Le deuxième cercle est composé de haut-fonctionnaires et officiers supérieurs, au Quai d’Orsay, à l’état-major et au ministère de la Coopération. Ces gens jouent un rôle essentiel car ils sont l’interface entre les concepteurs du premier cercle et les opérationnels de terrain.
  • Le troisième cercle est composé d’officiers déployés au Rwanda, dans la chaîne hiérarchique politico-militaire. Ce sont la plupart du temps des hommes des Forces spéciales et des gendarmes. Mais aussi quelques diplomates comme l’ambassadeur Georges Martres. Vous trouvez aussi des « exécutants » comme Paul Barril, qui agit en « privé » au Rwanda, avec le feu orange des autorités, en particulier des services de renseignements qui le « traitent » et le suivent de près.

S’agissant des sanctions, ce n’est pas à moi de me prononcer. Il y a une institution qui s’appelle la justice et est, si j’en crois notre Constitution, indépendante. Peut-être agira-t-elle un jour... (...)