
Une soixantaine de demandeurs d’asile venus du Sahara occidental vivent entassés dans des wagons abandonnés derrière la gare Saint-Jean. Tous les jours, la police leur intime l’ordre de quitter les lieux, mais pour aller où ? Rue89 Bordeaux les a rencontrés.
(...) Ils s’entassent jusqu’à 12 personnes par wagon. L’un d’eux possède des fenêtres en plexiglas. C’est la demeure « luxueuse » des plus anciens.
« Ils ont dû se passer le mot, estime Jean-Claude Guicheney, président de la Ligue des droits de l’homme de Gironde. Il est étonnant de voir venir autant de personnes sur un temps aussi court, quasiment en même temps et quasiment de la même région. On pourrait croire qu’il s’agit d’une filière organisée. Ils arrivent d’une manière isolée et se regroupent par la suite. Ce qui n’est pas une bonne chose pour eux. Une dizaine de personnes sont plus faciles à gérer qu’un groupe de soixante personnes. »
Faute de place dans les Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) – les familles de réfugiés étant prioritaires –, chacun d’eux bénéficie d’une allocation temporaire d’attente (ATA) de 11,30 € par jour.
« Les cas des hommes seuls sont rarement traités pour leur assurer un logement, souligne Olivier Bres, président de La Cimade Gironde (Comité inter-mouvements auprès des évacués), une association d’assistance juridique aux étrangers. Le 115 est saturé (Samu social, ndlr) ; il refuse en moyenne 75 demandes d’hébergement par jour sur la Gironde. »
Des conditions sanitaires difficiles
Les Sahraouis passent leurs journées à attendre la décision de leur demande d’asile, entre partie de cartes et tasses de thé. Il y a plusieurs semaines, l’un d’eux a reçu une amende pour avoir puisé de l’eau à la borne incendie.
Sans eau courante, sans électricité, et sans sanitaires, les déchets s’entassent tout autour et, avec les chaleurs de l’été, une odeur épouvantable émane de ces décharges improvisées.
Le groupe est composé d’hommes âgés entre 19 et 50 ans. Certains sont célibataires, d’autres ont laissé femmes et enfants et certains ont perdu toute leur famille dans les conflits que connaît le Sahara occidental.
Les Restos du cœur leur donnent l’occasion de se laver et de se nourrir quelques fois dans le semaine. Le reste du temps, c’est la grande débrouille. (...)