Tremble, écolo old school : le "Green Buisness" gagne du terrain. Il est même en passe de devenir le meilleur allié d’un capitalisme sur le point de virer bio. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, tant cette forme abâtardie d’écologie contemporaine n’a plus rien à voir avec une pensée contestataire. Retour sur la question en compagnie de Romain Felli, auteur des Deux âmes de l’écologie.
...Cette écologie politique, que l’on retrouve dans les thèses de Jacques Ellul ou Ivan Illich, de René Dumont ou André Gorz (entre autres), est désignée par Romain Felli sous le terme d’ « écologie par en bas », a toujours été basée sur des principes d’autonomie, de décentralisation, de critique de la technique et de la croissance à tout prix. A l’inverse, l’écologie qui triomphe avec le développement durable est une « écologie par en haut », conservatrice. « Deux tendances se sont opposées dès l’origine et continuent à le faire. Réduire la pensée écologique au développement durable, c’est nier cette opposition et naturaliser la pratique actuelle. », rappelle ainsi Romain Felli. Dès lors que l’écologie politique, « par en bas », n’a plus le vent en poupe, c’est son pendant conservateur qui vampirise le débat...
...On observe aujourd’hui tout une rhétorique de la « croissance verte », et de nouveaux secteurs économiques (énergies renouvelables, dépolution,...) qu’on ne peut pas comprendre si on considère le développement durable comme une forme de contestation de l’ordre social existant....
...Comme le dit Jameson, il devient plus difficile d’imaginer la fin du capitalisme que la fin du monde...
...Je pense que nous avons besoin d’un renouveau de la pensée utopique, c’est-à-dire de la possibilité d’imaginer un monde différent du notre, et qui, par différence, montre que ce qui est pris pour normal ou évident est en réalité spécifique à notre société. L’urgence c’est d’être capable de se représenter des alternatives.