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Révélations des refuzniks israéliens : le côté obscur de la force d’occupation
Article mis en ligne le 28 septembre 2014

Une lettre signée par 43 vétérans d’une unité d’élite du renseignement israélien exposant leur refus de continuer à servir l’occupation a provoqué des ondes de choc à travers la société israélienne. Mais pas dans le sens que les soldats espéraient.

Chose exceptionnelle, ce petit groupe de réservistes est allé au-delà de la justification de leur refus, pour s’opposer globalement à l’occupation.

En raison de leur position au cœur du système de contrôle des Palestiniens, ils ont précisé en détail, dans la lettre et dans les interviews qui ont suivi, tout ce qu’implique leur travail et pourquoi ils le trouvent moralement répugnant.

Selon des vétérans de l’unité secrète 8200, on rabâche aux nouvelles recrues du renseignement qu’aucun ordre n’est illégal. Par exemple, ils doivent guider des frappes aériennes même si des civils vont être touchés.

Les 43, que la loi israélienne empêche de s’identifier publiquement, disent qu’ils ont évité de servir pendant la dernière attaque d’Israël contre Gaza, craignant ce qui allait être autorisé. Mais leur inquiétude concerne bien davantage que la seule légalité des attaques militaires.

« La vie des autres »

Aveu révélateur, l’un des réservistes dit qu’il a commencé à se poser des questions sur son rôle après avoir vu « La vie des autres », le film dépeignant la vie sous la Stasi, l’impitoyable police secrète de l’Allemagne de l’Est. On estime que la Stasi a établi des dossiers sur 2 millions d’Allemands de l’Est jusqu’à la chute du Mur (de Berlin).

Selon les refuzniks, une grande partie des renseignements israéliens visent « des personnes innocentes ». L’information est utilisée « à des fins de persécution politique », « pour recruter des collaborateurs » et « pour retourner des segments de la société palestinienne contre elle-même ».

Les pouvoir de surveillance de l’unité 8200 s’étendent bien au-delà des mesures de sécurité. (...)

Contrairement à leurs prédécesseurs dans les minuscules mouvements de refus israéliens, les soldats de l’unité 8200 ont subi une exposition exceptionnelle à l’occupation sous toutes ses facettes. Ils ont vu le côté obscur de la force – et c’est ce qui confère à leur protestation un potentiel explosif.

Dans les médias internationaux, certains ont interprété le courage des soldats comme un signe d’espoir, que les Israéliens pourraient prendre conscience du prix de l’occupation pour les Palestiniens et pour la santé de la société israélienne. (*)

Les dissidents de l’unité 8200 le croyaient aussi : que leur confession pourrait mener à un examen de conscience national, à des enquêtes suite à leurs allégations, et à des protestations de masse comme celles qui avaient accueilli la nouvelle des crimes de guerre au Liban, au début des années ’80.

Ils étaient très loin de la vérité.

Condamnation tous azimuts des refuzniks (...)

Il semble bien que lorsque la barbarie de l’occupation est la plus transparente, quand les Israéliens ont vraiment du mal à détourner le regard ... ils ferment tout simplement les yeux.

La condamnation tous azimuts des refuzniks reflète le soutien quasi universel des Israéliens à la récente attaque contre Gaza, même quand ils ont appris le nombre de victimes civiles palestiniennes.

Ces derniers jours, un vétéran du renseignement se lamentait : « Nous avons vu que les soldats et le public israélien se soucient de moins en moins de la mort de personnes innocentes ». Cette observation a tout à fait été vérifiée l’été 2014 à Gaza. (...)