
Après avoir annoncé que tout serait réglé à la fin juillet, le président Nicolas Sarkozy a décidé que la loi sur les retraites serait prête « début septembre ». En attendant, on essaie d’affoler les foules en présentant des besoins de financement gigantesques (100 milliards d’euros !) sortis de nulle part. Les commentateurs ironisent sur le fait que cinq syndicats proposent une journée d’action le 23 mars qui inclut, outre les retraites, les questions du pouvoir d’achat et de l’emploi. Pourtant l’avenir des retraites dépend de ces deux variables — plus que de l’allongement du temps de travail...
...En fait, les pouvoirs veulent enfermer le débat dans une alternative obligatoire : soit on augmente le temps de travail soit on baisse les pensions. En vérité, ils font les deux… sans que cela sauve les caisses de retraites...
...Encore faudrait-il avoir du travail. Actuellement moins d’une personne sur deux occupe un emploi au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Les autres sont au chômage ou touchent des aides sociales. Dans la plupart des cas, elles ont été chassées de leur entreprise au nom d’un « plan de modernisation » ou autre plan dit social. Le taux d’emploi des 55-59 ans n’est que 56,3 %. Pas un jour sans que l’on n’annonce des licenciements et des suppressions de postes, les cinquantenaires étant massivement touchés et pratiquement sans espoir de retrouver un emploi. Comment peut-on affirmer qu’il faut travailler plus longtemps alors que l’on est incapable d’interdire ces licenciements sans reclassement ?...
...A très court terme, deux mesures conservatoires pourraient être prise pour combler une partie du trou :
– Inclure les revenus financiers et prélever des cotisations sur l’ensemble des éléments de rémunération actuellement exemptés : intéressement, primes, épargne salariale, stock options… Cela aurait le triple mérite d’apporter de l’argent frais immédiatement pour prendre le temps de réformer en profondeur, de rendre moins attrayant pour le patronat ce type de paiement défavorable aux salariés (car très fluctuant) et à terme de le voir disparaître.
– Stopper les exonérations de charges, au moins pour la plus grand part d’entre elles. La Sécurité sociale signale plus de soixante cas d’exonérations ...
...Aujourd’hui, c’est tout juste si l’on n’accuse pas les retraités (et les préretraités qui n’y peuvent mais) de jouer « perso » au détriment des futures générations. Un comble. Rappelons que les plus de 60 ans sont aussi des consommateurs (qui font tourner la machine économique), qu’ils sont plutôt plus présents dans les associations que les plus jeunes (alors qu’on ne cesse de palabrer sur le « lien social », le « devenir de la cité »), qu’ils peuvent aider leurs enfants (en gardant les petits-enfants…). Sans oublier le droit à la paresse. Bref, les retraités ne sont pas un poids mort. Au contraire.