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Retour sur le 1er mai à Istanbul « Mort au fascisme », « Longue vie au 1er mai »
Article mis en ligne le 5 mai 2013

72 arrestations, une cinquantaines de blessés et 22 policiers hospitalisés : résultats des affrontement du 1er mai à Istanbul.

Le 1er mai en Turquie a toujours été une journée hautement symbolique car il représente une journée de lutte active depuis les années 60. Le 1er mai n’est redevenu un jour férié légal que depuis 2009 (interdit depuis 1980 et le Coup d’État militaire) et les manifestations sur la place Taksim (place centrale) ne sont ré-autorisées que depuis 2010. Malgré l’interdiction, les différents groupes politiques n’ont jamais cessés d’organiser des rassemblements non autorisés.Tout au long des années 60-70-80, les marches du 1er mai en Turquie ont été marquées par des affrontements avec les fascistes, la police et l’armée.

(...) Aujourd’hui, c’est dans un contexte poli­ti­que tendu (« négo­cia­tions » avec la Guerilla kurde (PKK), atta­ques régu­liè­res des fas­cis­tes sur l’Université d’Istanbul et d’ailleurs, poli­ti­que d’aus­té­rité, répres­sion sur les mino­ri­tés eth­ni­ques) que les mar­ches du 1er mai repré­sen­tent un enjeu poli­ti­que impor­tant pour l’ensem­ble des grou­pes révo­lu­tion­nai­res et les orga­ni­sa­tions ins­ti­tu­tion­nel­les de gau­ches, syn­di­ca­les, et asso­cia­ti­ves. Alors que le gou­ver­ne­ment isla­miste de l’AKP décide d’inter­dire l’accès à la Place Taksim, elle devient alors « The Place To Be ».

Reprendre la Place Taksim

Plusieurs semai­nes avant le 1er mai, des mil­liers d’affi­ches ont com­mencé à fleu­rir sur les murs d’Istanbul : syn­di­cats, orga­ni­sa­tions poli­ti­ques de gauche et d’extrê­mes gau­ches, orga­ni­sa­tions étudiantes, liber­tai­res, kurdes, fémi­nis­tes... Pourtant, aucune d’entre elle (excepté le TKP, Parti com­mu­niste) n’indi­que le lieu de ras­sem­ble­ment. A Istanbul, tout le monde sait pour­quoi. La place Taksim a été inter­dite, pour raison offi­cielle de tra­vaux. En réa­lité, l’ensem­ble des grou­pes ont la ferme inten­tion de mar­cher sur Taskim. C’est d’ailleurs, la grande cen­trale syn­di­cale DISK (Türkiye Devrimci Isci Sendikalari Konfederasyonu – Confédération des syn­di­cats révo­lu­tion­nai­res de Turquie) refu­sant cette régres­sion qui appelle toutes les orga­ni­sa­tions à pren­dre la place de force le jour du 1er mai. (...)

Marcher sur Taksim, car Taksim est LA place cen­trale d’Istanbul. Ce qu’elle repré­sente pour l’ensem­ble des mili­tants est hau­te­ment sym­bo­li­que : elle fait rappel à la fin de l’Empire Ottoman, mais aussi à la force de mobi­li­sa­tion des grou­pes révo­lu­tion­nai­res qui s’y amas­saient par cen­tai­nes de mil­liers, voir par mil­lions. Un peu comme Bellecour ou Terreaux à Lyon, toutes les manifs doi­vent aujourd’hui y passer pour se rendre visi­bles. Au 1er mai san­glant de 1977, les grou­pes fas­cis­tes sou­te­nus par la police, ont ouvert le feu sur les mani­fes­tants fai­sant 34 mort et une cen­tai­nes de bles­sés. Ces der­niers répon­dant par plu­sieurs jours de révol­tes et de ven­geance menant à l’occu­pa­tion de la ville par l’armée, pré­misse du coup d’État de 1980. Après cela la place est restée fermée et aucun cou­pa­ble ne fût jamais tra­duit en jus­tice. (...)

Ce 1er mai 2013, la Place Taksim n’a pas pu être reprise, la répres­sion poli­cière avec tout son atti­rail de dis­per­sion des masses (en Turquie, sur les canons à eaux, pas d’économie), a tenu en échec les mani­fes­tants qui se sont repor­tés sur la défense de leurs quar­tiers. De nom­breux-ses bléssé-e-s graves, beau­coup de crises car­dia­ques, chez les per­son­nes âgées sur­tout, dû aux lacry­mos. De plus, les mani­fes­tants devaient aller se faire soi­gner dans les hôpi­taux éloignés du centre ville, puis­que la police fichait sys­té­ma­ti­que­ment les entrées dans les urgen­ces pro­ches des points d’affron­te­ments.