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article XI
Retour de brun
Article mis en ligne le 2 mars 2011
dernière modification le 28 février 2011

Depuis quelques mois, ils relèvent la tête (rasée). Multiplient les sorties. Essaient de s’incruster dans les manifestations et rendez-vous de gauche. Surfant sur le très réactionnaire esprit du temps, cachant (un peu) leur jeu à la manière des néo-fascistes italiens ou des nationalistes allemands, les groupes de l’extrême-droite radicale française passent à l’offensive. Une montée en puissance inquiétante.

De l’appétit renouvelé d’une frange de l’extrême-droite, raciste et anti-parlementariste, qui entend elle-aussi surfer sur le très réactionnaire esprit du temps - sarkozysme triomphant en France et extrême-droite parlementaire à la fête dans une bonne partie de l’Europe. De sa volonté de profiter d’un espace ouvert par une certaine déliquescence de l’appareil politique du FN. De son ambition de parasiter certains fronts de contestation, en se présentant sous un nouveau jour et en jouant sur des ambiguïtés. Et du manque de réaction des militants de gauche (au sens large), trop peu informés des nouvelles formes que peut prendre l’extrême-droite et insuffisamment déterminés à la combattre.(...)

Désormais, ils n’hésitent plus - spécialement dans les manifestations pro-palestiniennes. Et je crains qu’il n’en aille bientôt de même pour le mouvement social : un jour ou l’autre, on va les voir débouler. » Un scénario catastrophe ? Même pas. Disons : un futur vraisemblable et prévisible.

Pour l’instant, les choses se jouent à la marge. Les groupes d’extrême-droite tentent de s’agglomérer aux actions et rassemblements contestataires quand ceux-ci n’ont pas de service d’ordre ou quand les antifascistes y sont en nombre réduit. Ils avancent ainsi leurs pions progressivement, se montrent, habituent à leur présence. Ils savent qu’être présent sans déclencher de réaction des autres manifestants est déjà une victoire. Signe qu’ils seraient légitimes dans les cortèges. Et preuve de la dynamique de leurs mouvements.(...)

Exemple emblématique, les Identitaires, nébuleuse regroupant le Bloc du même nom (qui revendique 2 000 adhérents), quelques associations et des déclinaisons régionales. Essentiellement raciste, prônant la sauvegarde des identités régionales, le mouvement sait mieux que nul autre fausser les apparences [6] et se donner une image moins guerrière - même si ses membres ne répugnent pas au coup de poing. Il joue ainsi sur les mots – revendiquant la « défense de la laïcité » ou la « lutte contre l’islamisme » plutôt que la « chasse aux musulmans ». Il met en place des événements très médiatiques – les "Assises contre l’islamisation", récemment organisées par les Identitaires au cœur de Paris, ont fait le plein de journalistes, assurant au Bloc une couverture médiatique inespérée. Il multiplie les alliances conjoncturelles pour gagner en respectabilité (...)

« Ils ont réalisé une mutation à l’italienne, poursuit le rédacteur de Reflex(es). L’emballage a été modifié – ils se sont réinventés une identité visuelle et culturelle – mais le fond reste le même. »

Une mutation d’autant plus aisé que ce fond – l’idéologie – est très faible.(...)

Se revendiquant fascistes tout en refusant l’étiquette d’extrême-droite, camouflant leur profond racisme derrière des actions centrées autour de la « lutte contre l’usure » ou contre la vie chère, mettant en avant leurs goûts culturels – graphiques ou musicaux [9] -, les membres de ce mouvement réussissent habilement à brouiller les genres. Et donc à aplanir une partie des critiques à leur encontre (...)

Facteur aggravant : alors que ces groupuscules se sentent pousser des ailes et réalisent de réelles percées, l’antifascisme est à la peine. « Il y a toujours eu deux sortes d’antifascisme, l’un radical et l’autre moral. Le deuxième s’est cassé la gueule à force de récupérations, et le premier peine à se renouveler, d’autant qu’il est frappé de plein fouet par la répression policière »(...)

Que faire, alors ? Connaître l’ennemi, être au fait de ses mutations et évolutions. Et se préparer à le rencontrer souvent. « L’organisation et l’auto-défense, il n’y a pas d’autre solution. Parce qu’il faut être clair : on va les voir de plus en plus », explique une figure connue du milieu antifasciste parisien. Et d’insister : « Les militants doivent se prendre en main, et intégrer l’idée qu’il est désormais possible de tomber sur ces gens dans nos manifestations. À chacun de prendre ses responsabilités et de réagir. » Pas mieux.(...)

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