
Au pays grec le soleil revient. Printemps. Fánis, depuis son café dans le Péloponnèse, il commente à sa manière la dernière décision de la Justice, annoncée très tard dans la nuit du 10 au 11 mars... au sujet d’un match de football entre l’Olympique du Pirée et le PAOK de Thessalonique, match qui ne s’était jamais achevé pour cause d’affrontements entre supporteurs. “Ils ont donné raison à PAOK car c’est l’équipe de Savvídis, l’homme fort des Russes. La Grèce est fichue, c’est le foutoir, quel gouvernement ? On en rigole même jusqu’en Afrique...”.
(...) uelques heures seulement après la décision de Justice au sujet de l’équipe de PAOK, la nouvelle est tombée, celle de l’interruption du match du soir lorsque le même Ivan Savvídis, Président de l’équipe de PAOK de Thessalonique a pénétré... très visiblement armée sur la pelouse du stade... pour protester devant une décision de l’arbitre. Le match a été aussitôt suspendu jusqu’à nouvel ordre, et le lendemain, c’est tout le championnat grec qui est interrompu, suite à une décision gouvernementale qui fait ainsi la ‘Une’ de toute la presse.
Ce dernier épisode... athlétique grec est alors déjà commenté jusque dans les colonnes de la presse internationale : “Le choc du championnat grec entre le PAOK Salonique et l’AEK Athènes s’est conclu dans le chaos dimanche 11 mars, les joueurs de l’AEK refusant de terminer la rencontre après l’envahissement du terrain par des dirigeants du PAOK, dont le président qui portait à la ceinture ce qui ressemble à un pistolet, selon des photos de l’Agence France-Presse”, peut-on lire par exemple sur le site du quotidien “Le Monde”. (...)
Depuis ces faits avérés, Ivan Savvídis est recherché, et il restera introuvable, le temps que le la procédure de flagrant délit ne s’appliquera plus. Les Grecs scrutent donc leurs les journaux et cette dernière affaire du ballon supposé rond, aura pourtant et très largement effacé de l’actualité cette autre nouvelle du rassemblement de la veille, lequel avait été organisé à Orestiada, ville située près de la frontière avec la Turquie, rassemblement en soutien aux deux militaires grecs incarcérés en Turquie.
Car il serait désormais évident, que les deux militaires grecs incarcérés en Turquie depuis déjà près de deux semaines, ils auraient été en toute évidence capturés par l’armée turque, et plus précisément par la gendarmerie, considérée comme un corps de Prétoriens du régime d’Erdogan, sans peut-être avoir pénétré en territoire turc. (...)
En somme, nous nous trouvons déjà dans une forme et de culture de guerre, et cette dernière affaire rappelle d’ailleurs d’autres précédents historiques, lorsque par exemple l’Allemagne d’Hitler fabriquait des “incidents” sur ses frontières avant de prétexter la “nécessité absolue et justifiée” de son agressivité qui en découlait. On dirait même, que cette capture des militaires grecs participe à la guerre asymétrique et psychologique que la Turquie d’Erdogan mène, il faut dire, de manière bien habile contre la Grèce... “cinquième colonne comprise”, aux dires de Fánis et des clients de son bistrot qui commentent décidément tout !
Cinquième colonne ou pas, ces derniers jours, nous avons vu apparaître dans Athènes certains tracts au message... clair : “Mort à la Grèce, pour que nous, nous puissions vivre, au Diable la famille et au Diable la Patrie”. Et dans un... nouvel ordre d’idées, en somme proches, on y découvre sur ce mêmes murs d’Athènes, cet autre message inévitablement méta-moderne... à propos de l’usage de notre “corps notre choix”.
Il y a même lieu de remarquer que le message en question se combine en six langues, sauf qu’il fait totalement et visiblement volontairement l’impasse sur la... langue du pays. Pourtant à Athènes on parle... encore le grec ! C’est bien connu, la mondialisation c’est l’amour des autres patries, tout comme l’adulation de toute altérité réelle ou supposée telle, et en même temps, la haine, ou sinon le rejet de l’identité. (...)
Dans un tel monde... on disposerait peut-être de notre corps... ainsi notre seul et ultime choix, mais certainement pas de notre pays, ni de notre régime politique, et encore moins des droits et des devoirs. Et tous ces “libres corps” du lendemain des humains, découvriront peut-être un jour, qu’ils ne seront même plus jugés indispensables pour demeurer vivants, ni pour produire et encore moins pour consommer, le tout, et j’espère me tromper, face à un métanthropisme galopant comme autant face à son “humanité” augmentée... réservée aux “élus”. (...)
Le système tient et tiendra ainsi bon lorsqu’il suggère qu’entre le nihilisme apatride et celui des néonazis, aucune autre position n’est alors possible. Pauvres peuples, et ainsi futur unique des... fortunés. (...)
Des... investisseurs petits, moyens et grands, surtout étrangers, achètent dans Athènes parfois par lots de cent appartements, et en même temps, la Troïka élargie a insisté pour que les saisies des biens des Grecs puissent se concrétiser de manière électronique et automatique. Dans le même ordre d’idées, le “gouvernement” des Tsiprosaures annonce ainsi plus d’un million de saisies de biens immobiliers et autres, rien que pour 2018.
Il faut dire qu’a propos des dernières liquidations et ventes aux enchères après saisie de biens immobiliers, encore effectuées de manière “physique”, c’est-à-dire en salle d’audience, le Syndicat des Officiers de la Police vient de lancer une attaque inhabituelle car très violente, vis-à-vis du gouvernement. Son communiqué avait été motivé par le fait que de nombreux policiers avaient été blessés lors des ventes aux enchères de ce type, surtout à Athènes devenant ainsi la cible visible et facile pour les citoyens concernés et paupérisés.
Les policiers y concluent même de la manière suivante : “Puisqu’ils ne nous respectent pas, le temps est arrivé où il va falloir nous craindre. Car au fait, ce sont bien les politiques mémorandaires qui se dissimulent derrière nos propres boucliers, et voilà que nous ne voulons plus défendre de tels procédures, lesquelles conduisent à la spoliation des biens des citoyens (...) Nous avertissons les politiques que ce mouvement au sein de la Police, au demeurant massif, annulera de fait cette attitude qui consiste à faire peser les effets de la responsabilité de telles politiques sur nos seules épaules, et enfin une fois de plus, nous rappelons que nous sommes non seulement considérés tels, mais nous faisons partie intégrante de la société réelle”, le reportage est du quotidien “Kathimeriní” du 12 mars 2018. (...)
En attendant les prochaines ventes ou saisies dans l’immobilier athénien, la bistroïsation du centre-ville se poursuit, car comme prévu... il y a à boire et à manger mais certainement pas pour tout le monde. (...)
résister, c’est autant chanter et danser, et les Grecs, à l’instar de bien d’autres peuples, ils ont de la sorte pratiqué durant ces autres années de guerre entre 1940 et 1949, guerre civile comprise, et ils ne sont pas prêts à y renoncer en ce moment pour cause de Troïka, de mondialisation ou encore parce que la géopolitique environnante redevient-elle alors menaçante.
Pendant qu’à Thessalonique le match s’interrompait, dans une autre taverne que le bistrot de Fánis, ceux du Péloponnèse et d’Athènes réunis faisaient la fête, troisième dimanche du Carême d’ailleurs ou pas.
Il est également à noter que les jeunes par exemple n’ont pas perdu le sens de la tradition musicale du pays. Tout n’est donc pas perdu car les Grecs chantent, dansent et en rient même de la mort comme du destin, si l’on croit par exemple les paroles du chant traditionnel et populaire. (...)