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« Regarder l’immigration en face ? C’est ce que nous faisons tous les jours, monsieur Macron »
Article mis en ligne le 21 septembre 2019

Tribune. Oui, Monsieur Macron, c’est ce que nous faisons tous les jours, chaque jour, parfois la nuit, nous les solidaires, dans les associations, collectifs, lieux d’accueil, chez nous, accueillant des personnes dans nos maisons, agissant dans la rue, lors des maraudes, payant des habits, des brosses à dents, des cartes SIM, des forfaits téléphones, des billets de train, de bus, utilisant nos comptes Blablacar, faisant des trajets en voiture, des rendez-vous à la préfecture, la CAF, le CCAS, l’hôpital, écrivant des courriers à la CPAM, signant des attestations d’hébergement, photocopiant des passeports, et toutes les pages s’il vous plaît, pour obtenir une AME, suivant par Whatsapp, Facebook, le parcours de tel jeune, si esseulé, dans telle ville, cherchant pour lui des relais, un lieu où dormir, ou seulement ce que l’on trouve : un endroit où se laver, un petit-déjeuner, une soupe solidaire, un lieu où trouver des antidouleurs pour la dent, le genou, le dos, qui le fait tant souffrir. Chercher des infos, des assos, des conseils juridiques, expliquer, réexpliquer, faire traduire, laisser son portable allumé la nuit, au cas où A., M., Y., ait un gros souci ; donner des cours de français, s’informer, se former, lire des papiers, des bouquins, des études, voir des documentaires, faire des émissions radio, des films, organiser des soirées, des débats, des tables rondes, des projections, des récoltes de dons. Se remettre en cause, souvent.

Regarder l’immigration en face, oui, nous le faisons aux frontières de la France, au Pays basque, dans la Roya, à Briançon, à Calais, dans toutes les villes du pays, et même dans nos villages, prêtant des apparts, payant des loyers, intégrant des personnes sans-papiers dans nos clubs de sport, bataillant pour une famille contre les OQTF absurdes alors que les parents ont une promesse d’emploi et que les enfants vont à l’école ici, depuis des années.

Regarder l’immigration en face c’est sourire, écouter, essayer de comprendre (...)

Pleurer parfois, parce que l’on se sent si empêché, si écrasé par la situation d’impuissance dans laquelle vos politiques nous placent ! Regarder l’immigration en face ? Ce serait avant tout comprendre que le règlement Dublin (1) doit être abrogé d’urgence car il est absurde, inégalitaire, inefficace et si cher ! (...)

Monsieur Macron, oui, voyez les choses en face, vous et vos partenaires européens, changez de cap. Rencontrez les experts, les ONG, les associations, les personnes qui tous les jours vivent cette réalité qu’est la migration ! Il n’y a pas d’autre solution qu’accueillir. Et nous, nous sommes prêts.