
La sociologie. « En rendant visibles les régularités collectives ou les habitudes dont les individus ne sont pas toujours conscients, en mettant en lumière des structures, des mécanismes ou des processus sociaux qui sont rarement le produit de la volonté des individus tout en les traversant en permanence de manière intime, elle a infligé à l’humanité une quatrième blessure narcissique »
Dans son introduction, Bernard Lahire souligne, entre autres, que « l’individu n’est pas une entité close sur elle même », la réalité des dissymétries ou des inégalités, les rapports de domination et d’exploitation, les exercices de pouvoirs ou les processus de stigmatisation… Il parle de ceux qui ont intérêt à faire passer les vessies pour des lanternes « des rapports de forces et des inégalités historiques pour des états de fait naturels, et des situations de domination pour des réalités librement consenties ».
Il s’agit d’une « réponse » au Malaise dans l’inculture du très libéral-libertarien Philippe Val, d’objections aux critiques confondant « travail de description » et « travail de justification ou de dénonciation », à celles et ceux qui pensent la critique comme « une atteinte à l’idée d’un sujet libre et conscient » (« à juste titre » ajoute l’auteur).
« Il faut donc expliquer ce que sont ces sciences de la société et ce qu’elles ne sont pas, détruire les procès d’intention les concernant, et rappeler leur utilité sociale ».
Il s’agit d’un livre écrit en langue commune, loin des jargons sociologiques, des habitudes universitaires ou soit-disantes savantes. (...)
« Penser que chercher les « causes » ou, plus modestement, les « probabilités d’apparition », les « contextes ou les « conditions de possibilité » d’un phénomène revient à « excuser », au sens de « disculper » ou d’« absoudre » les individus, relève de la confusion des perspectives ». (...)
Tous les actes faits par des êtres humains, ou des groupes d’êtres humains, relèvent pourtant bien de rapports sociaux, de rapports organisés (même si nous peinons à saisir ces organisations) entre êtres ou groupes sociaux. « Seules cette prise de distance et cette désindividualisation du problème permettant permettent d’envisager des solutions collectives et durables ». (...)