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Réfugiés : le naufrage occidental
Article mis en ligne le 3 septembre 2015

L’Europe est submergée. C’est le déferlement. Un flux de clandestins est en train d’envahir l’Europe. Insupportable : « nos pays n’ont pas pour vocation d’accueillir toute la misère du monde ».
Il suffit de quelques mots, d’un vocabulaire bien choisi pour transformer les symptômes de l’effondrement de notre modèle de sociétés en « crise des migrants », voire même « islamique » entend-on parfois.

Ainsi, les fantasmes sont entretenus et la peur est exacerbée. Ainsi, le débat sur les possibles solutions est circonscrit à un cadre « défensif » comme s’il s’agissait d’un phénomène « naturel » sur lequel nous n’aurions pas de responsabilité, dont nous devrions nous protéger.
Toujours la même rengaine du phénomène naturel dont nous serions victimes : la crise, la dette, les sauterelles, les attentats, … (...)

Et Monsieur Sarkozy qui parle de tourisme social. Faut-il être déconnecté de la réalité à ce point pour imaginer que des familles entières s’infligent de telles conditions de migration, sans réussite garantie, uniquement par tourisme ? Sarkozy est malhonnête, mais il n’est pas naïf. Tout est bon pour faire oublier que ces personnes sont des humains qui fuient la mort, qu’ils n’ont plus rien à perdre. Tout est bon pour les déshumaniser. C’est qui le touriste ?

Alors, ces gens sont censés venir pour « profiter » de nos richesses ? Nos richesses ? Bien voyons ! D’où vient le pétrole, d’où vient l’uranium, les métaux, les terres rares, la main d’oeuvre qui permettent de fabriquer nos objets ?

Nous sommes rattrapés par une réalité que nous nions depuis des décennies : celle du développement, de ce système pervers héritier du colonialisme, où sous prétexte d’amener la civilisation et la démocratie, on exploite, déstabilise et pille toujours plus. (...)

Aucun citoyen occidental ne cautionnerait l’exploitation des pays du sud. Et pourtant, la quasi-totalité de ces citoyens n’est pas prête, indirectement, parfois inconsciemment, à faire ce qu’il faudrait pour renverser la tendance. Même nous, qui prônons un changement de paradigme, et le vivons partiellement. La situation actuelle nous rappelle douloureusement que nous vivons dans une illusion de liberté de consommer : nos propres modes de vie, dépendant de toujours plus de tirages sur des ressources finies, ont des conséquences sur la vie d’autres personnes, ailleurs, si loin qu’il est impossible de réaliser les conséquences de nos actes. Et pourtant, ces autres personnes se retrouvent aujourd’hui face à la mort dans ces pays, et elles viennent frapper à nos portes. (...)

Alors, on fait quoi ? On cherche des solutions sans changer le système et en prenant soin de bien garder les œillères ? Ou bien, on regarde collectivement la réalité en face ? (...)

Tirons un enseignement de cette situation critique pour en faire un tremplin vers de nouveaux mondes. Une bonne partie des populations qui arrivent appartiennent aux classes éduquées de leurs pays. L’enjeu n’est pas de faire du brain-drain, mais de penser ces opportunités de rencontres comme tremplin pour un véritable dialogue des civilisations. Nos sociétés occidentales changent et doivent évoluer dans une perspective de Décroissance. La transition est en marche, mais ce n’est que le début. Cela est insuffisant si le reste du monde ne questionne pas cette fuite en avant vers le toujours plus. Faisons des migrants des ambassadeurs de cette transformation afin de casser le mythe de l’occident, de la consommation illimitée. De même, ces personnes arrivent avec une autre vision du monde, des relations humaines, des expériences de vie riches d’enseignements qui peuvent contribuer à sortir nos sociétés de ce cercle vicieux mortifère et individualiste.
N’avons-nous pas là un levier pertinent pour tourner la page du toujours plus, de la compétition économique et de ses conséquences, pour laisser place à un monde de « buen vivir » ? Car assurément, nous gagnerions du bien-être collectif à sortir du consumérisme.

Cela doit s’accompagner d’un changement de paradigme dans les relations internationales : posons les vrais problèmes sur la table et sortons de cette fuite en avant guerrière pour le contrôle des ressources naturelles. (...)

Vite, initions des transitions vers des sociétés soutenable est souhaitables. Soyons plus sobres, questionnons nos usages, simplifions nos productions, rendons les durables, réutilisons. Partageons vraiment, mettons en place un espace écologique (DIA et RMA), sérénisons la société, généralisons la bienveillance. Et surtout, relocalisons (...)