
Il l est des renoncements plus impardonnables que d’autres. Parce qu’ils touchent à des sujets essentiels, ils peuvent devenir des taches indélébiles. "Nous devons accueillir les réfugiés, c’est notre devoir, c’est notre honneur", avait dit Emmanuel Macron.
Puisqu’il se targuait de ne pas transiger avec les valeurs, puisqu’il se voulait "efficace" mais aussi transgressif, on s’est pris à y croire. Enfin, un président de la République osait braver les peurs.
Hélas, l’histoire se répète. Et aujourd’hui, la France, comme lors de la "crise migratoire" de 2015, n’est à la hauteur ni de son passé ni de son "honneur", pour paraphraser le chef de l’Etat. Ce dernier, pourtant, jurait encore fin juillet devant des réfugiés : "Je ne sais pas si nous gagnerons mais je ferai tout pour. Je vais m’y employer dans les mots et dans les faits."
Belles phrases
Regardons les faits justement. Ils sont cruels. Il y a deux ans, alors que la Grèce était débordée par l’afflux de réfugiés, François Hollande s’est comporté en boutiquier. Aujourd’hui, c’est l’Italie qui est en première ligne, avec l’arrivée de près de 100.000 migrants depuis janvier. Et, une fois encore, au sommet du pouvoir, on entend la même antienne : l’Hexagone ne peut pas accueillir "toute la misère du monde". Mais personne n’exige de sa part une telle générosité ! Personne ne réclame que le pays ouvre ses frontières à tous les vents. Posé en ces termes, le débat est stérile, nuisible, et surtout faussé. Il est simplement demandé à la France qu’elle prenne sa juste part dans cette tragédie.
Or, à la grande colère des dirigeants transalpins, nous fermons nos ports, nous bloquons la frontière à Vintimille, et lorsque des réfugiés, au péril de leur vie, parviennent quand même à pénétrer chez nous, nous n’hésitons pas à les renvoyer côté italien. Le président fait de belles phrases sur l’exigence "humaniste", mais les actes ne suivent pas. (...)
faire le strict minimum pour ne pas paraître inhumain, mais ne rien proposer qui puisse froisser l’opinion publique. Une politique minimaliste que Gérard Collomb justifie par une très vieille lune : la différenciation entre "réfugiés politiques", que nous aurions vocation à accueillir, et "migrants économiques", que nous devrions par nécessité rejeter. Bref, comme l’a écrit "le JDD" ce week-end, il faudrait "faire le tri" (quelle atroce expression).