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Réforme d’Affelnet : Les lycées sont-ils devenus plus mixtes socialement ?
#Affelnet #lycees #inegalites
Article mis en ligne le 11 février 2023

« L’affectation en lycée n’a pas vocation à être un concours », estime Christophe Kerrero, le recteur de l’académie de Paris. Pourtant, beaucoup de parents de lycéens parisiens veulent que leurs enfants fassent leur scolarité dans un établissement réputé. L’ancienne version d’Affelnet, le système d’affectation au lycée, n’avait pas réussi à brasser suffisamment les élèves. Ce qui aboutissait à un paysage très contrasté, avec d’un côté des établissements d’élite et de l’autre, des lycées de relégation.

La réforme d’Affenet mise en place en 2021 vise à supprimer cet effet ghetto, en invitant chaque élève de postuler prioritairement à cinq établissements de son secteur, situés à 25 minutes maximum de transport de chez lui. Un nombre de points lui sont attribués, lui permettant d’accéder ou non à tel ou tel lycée. Un bonus lui est accordé en fonction de la proximité de l’établissement de son domicile, un autre s’il est boursier, un autre en fonction du profil social de son collège (dit bonus IPS). Si l’élève a effectué sa scolarité dans un collège très défavorisé, il aura donc plus de points.
Lamartine et Voltaire davantage demandés

Deux ans après, l’heure est au bilan et il est plutôt positif. Il faut dire qu’après la première année de mise en œuvre de la réforme, plusieurs ajustements ont été effectués : le bonus IPS attribué à chaque collège a été actualisé et certains secteurs ont été modifiés. Résultat des courses : en l’espace de deux ans, la réforme a entraîné une diminution de 39 % de la ségrégation sociale entre les lycées publics par rapport à 2019 et une baisse de la ségrégation sociale de 30 %. (...)

Henri-IV et Louis-le-Grand sur Affelnet !

Autre gros symbole d’une plus grande ouverture sociale de certains établissements : depuis la rentrée 2022, les lycées Henri-IV (5e) et Louis-le-Grand (5e) ne recrutent plus leurs élèves parisiens de seconde sur dossier et ont rejoint la plateforme Affelnet. Les places y sont attribuées en fonction des résultats scolaires de 3e, du statut de boursier et de la composition sociale du collège d’origine des candidats.

Résultat : la diversité sociale a déjà nettement progressé dans les deux lycées. (...)

Ces deux lycées ont même vu le nombre de candidatures bondir de 30 %. « Un vivier d’excellents élèves boursiers se sont sentis plus légitimes à candidater. La médiatisation a joué », souligne Julien Grenet. Une mixité « qui n’a pas entraîné de nivellement par le bas », comme le craignaient certains parents du quartier ! Les performances aux épreuves écrites du brevet des entrants de la rentrée 2022 étaient même légèrement supérieures à celles de la cohorte précédente. (...)

Encore des progrès à faire

Il reste cependant des freins aux progrès de la mixité dans les lycées parisiens. « A commencer par l’absence d’intégration à Affelnet des établissements privés sous contrat », souligne Julien Grenet. « Il reste encore des lycées de niveau, dans l’ouest de Paris notamment [exemple à Janson-de-Sailly, 16e, ou à Montaigne, 6e], où la mixité ne progresse pas beaucoup », ajoute-t-il. Par ailleurs, certains lycées socialement défavorisés peinent toujours à attirer (...)

Le fait que les formations à recrutements spécifiques (les sections internationales, les classes à horaires aménagés…) possèdent leurs propres critères de sélection, constitue aussi un frein à la mixité, souligne l’économiste.
Des pistes pour encore progresser

Pour changer la donne, il faudrait proposer ces formations dans des lycées moins cotés. (...)

Et selon Christophe Kerrero, Affelnet va encore bouger dans les prochaines années : « C’est une réforme qui se fait dans le temps et qui nécessite chaque année d’être réajustée pour faire en sorte qu’elle soit plus équitable. » (...)

Lire aussi :

 (le Monde)
Affelnet : à Paris, la réforme de la plate-forme d’affectation a augmenté la mixité sociale dans les lycées publics, dont Louis-Le-Grand et Henri-IV

Le taux de ségrégation sociale des lycées parisiens a fortement baissé depuis la mise en place de la réforme de la plate-forme, en 2021. A Henri-IV et Louis-Le-Grand, intégrés à la rentrée 2022, le niveau scolaire n’a pas été affecté. (...)

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https://www.lemonde.fr/education/article/2023/02/08/affelnet-a-paris-la-reforme-de-la-plate-forme-d-affectation-a-augmente-la-mixite-sociale-dans-les-lycees-publics-dont-louis-le-grand-et-henri-iv_6161047_1473685.html

La situation parisienne, de l’aveu du recteur Christophe Kerrero, nommé en 2020, était devenue « impossible ». La plate-forme d’affectation des lycéens par le Net (Affelnet), entrée en application en 2008 et utilisée partout en France pour répartir les élèves de 3e dans les lycées – mais paramétrée très différemment à Paris – avait généré une pression énorme sur quelques lycées du quart nord-est de la capitale, devenus extrêmement sélectifs tandis que d’autres étaient boudés par les bons élèves.

Cette situation, outre qu’elle générait un entre-soi social et scolaire marqué, générait de la frustration, les élèves étant, en particulier dans le nord-est, peu nombreux à accéder à l’établissement de leur choix.

Une réforme d’Affelnet a donc été engagée pour la rentrée 2021, et le moins que l’on puisse dire est qu’elle a porté ses fruits. « En l’espace de deux ans, la ségrégation sociale des lycées publics de la capitale, qui était supérieure de 15 % à la moyenne des autres académies, est devenue inférieure de 26 % à cette moyenne », résument Julien Grenet et Pauline Charousset, chercheurs à l’Ecole d’économie de Paris, dans une note d’analyse diffusée le 8 février. Julien Grenet pilote le comité de suivi de la réforme, mis en place par le rectorat. (...)