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Référendum italien : la désinformation organisée a-t-elle fait triompher le « Non » ?
Article mis en ligne le 5 décembre 2016

L’Italie a exprimé sa défiance envers le premier ministre Matteo Renzi pendant le référendum du 4 novembre. Ce dernier a démissionné, tandis que beaucoup de partis d’opposition, notamment les populistes, se préparent à de nouvelles élections. Mais ils n’étaient pas les seuls à exprimer leur défiance à l’égard du premier ministre.

Le plan du premier ministre italien envisageait la modification d’une partie de la Constitution italienne qui supprimait l’équilibre de pouvoir entre le parlement et le sénat en faveur du premier — pour arriver in fine à un système de législation plus rapide. Ainsi, le sénat aurait eu seulement une fonction représentative régionale, avec 95 membres élus parmi les Conseils Régionaux et les mairies et 5 membres directement nommés par le président de la République. En plus, la réforme de Renzi encadrait l’élimination du Conseil National de l’Économie et du Travail (CNEL), une institution gouvernementale consultative, qui a le pouvoir de proposer des projets législatifs économiques et sociaux. (...)

Néanmoins, le référendum a acquis progressivement la valeur d’un vote de confiance pour le gouvernement de Renzi — le non, c’est la défiance. Et c’est cette défiance qui a gagné. Après le rejet massif des réformes (59,1 % de voies) et une participation s’élevant à 65,5 % de la population, Renzi a annoncé dimanche à minuit : « Les citoyens italiens se sont approchés de la Constitution et ils ont fait leur choix. Maintenant, c’est au tour de celui qui a gagné de proposer des projets cohérents et crédibles. (…) J’ai perdu. Mon gouvernement s’achève en ce moment. Demain je saluerai le président de la République et je donnerai ma démission ».

Matteo Salvini, secrétaire et chef du parti d’extrême droite « Lega Nord », s’est immédiatement réjouit de cette victoire : « Demain on redémarre. Nous commencerons à préparer le programme électoral. Nous ne serons plus les serviteurs du système bancaire, de l’euro et des partis socialistes européens ».

Ce dernier avait déjà lancé la rengaine conspirationniste sur le trucage du référendum pour ses followers sur Twitter et Facebook dimanche matin, en publiant des intox concernant des « crayons électoraux facilement effaçables » et en encourageant le monde à « dénoncer ces faits aux forces de l’ordre ». (...)

Ainsi, le gouvernement de Renzi, établi sans de véritables élections, a été détruit en un seul jour et d’un seul coup. Beaucoup d’hommes politiques, dont Luigi Di Maio, ont reproché à leur adversaire son « arrogance » politique. Hier soir, Facebook était envahi par des vidéos en ligne où des manifestants de Lega Nord, du M5S et de l’Union Syndicale de Base (USB) criaient à plusieurs reprises dans les rues de différentes villes italiennes : « Renzi casses-toi ! », « Démissionne ! » et « Renzi rentre chez toi ! ».

Néanmoins, beaucoup des acteurs politiques — M5S, Lega Nord, Le Comité du Non et même le PD — ont salué l’immense participation politique des citoyens italiens, notamment celle des jeunes qui se sont mobilisés en même temps sur les réseaux sociaux et dans les rues.
(...)

Mais même si ce référendum a pu mettre en évidence une régression de l’abstentionnisme italien, il a aussi montré la force croissante des partis populistes locaux, notamment le M5S et Lega Nord, qui s’appuient de plus en plus sur Internet et ne cachent pas la possibilité de futurs changements « démocratiques » de la Constitution italienne s’ils accèdent un jour au pouvoir.

In fine, il serait réducteur de croire que toute l’opposition à Renzi n’était soutenue que par des partis nationalistes et populistes, jouant avec les peurs des citoyens pour prendre le pouvoir. Ces mouvements ont bien participé à cette victoire de la défiance, orchestrant des campagnes de désinformation numérique, mais les électeurs qui ont soutenu le Non sont un groupe parfaitement hétérogène.