
Pluie de retour, mer agitée. La presse s’attarde sur les candidates et les candidats aux prochains scrutins, le tout, entre scandales politico-financiers à répétition et cynisme politique à outrance. C’est le moment apparemment du scandale dit Petsítis... porteur de valises, ami de Pappás qui est ministre et ami de Tsípras. Sondages à répétition, déclarations dépourvues de sens, pas même grammatical, et on dira que c’est toujours du grec. Sable mouvant ou encore, sable des plages attendant les touristes mais ce n’est pas la saison.
Moments graves, situation aggravée, politiciens gravissimes. Jadis d’actualité, la mémoire de Dimítris Christoúlas au jour anniversaire de sa disparition, le 4 avril, a été complètement oubliée, autrement-dit occultée par les medias, Internet compris. Dimítris Christoúlas était ce pharmacien retraité lequel le 4 avril 2012 il s’est tiré une balle dans la tête place Sýntagma, devant le “Parlement”. (...)
“Le gouvernement de Tsolákoglou a détruit toute chance de survie pour moi, qui vivais avec une pension très digne que j’avais payée et pour laquelle j’ai cotisé sans aucune aide de l’État pendant 35 ans. Mon âge avancé ne me permet pas de réagir autrement (...) Je ne vois pas d’autre solution que de mettre fin à ma vie de cette façon digne pour ne pas finir en fouillant dans les poubelles pour survivre. Je pense que les jeunes sans avenir prendront un jour les armes et pendront la tête en bas les traîtres à notre pays (...)”.
Je me souviens de cette matinée car j’y étais, plus exactement, j’y étais quelques minutes seulement après le suicide de Dimítris. Il faisait encore presque tôt dans la matinée, à peine huit heures, le corps, les premiers attroupements dans un silence alors sidérant, la nouvelle qui s’est rependue à travers la ville, puis la colère, les manifestations citoyennes dans l’après-midi, et les déclarations bien entendu des politiciens... très engagées, Syrizístes en tête à l’époque. Sur place il ya eu du monde, beaucoup de monde en colère et au message fort explicite : “Traîtres, vous avez son sang sur vos mains”. (...)
En 2019, les manifestants de jadis ont quitté les pavés et parfois même le pays. Seuls nos matous, plus chanceux dans ce pays, n’auront guère changé de quotidien surtout près les poissonneries. Comme le rappelle avec ironie et amertume mon ami Olivier Delorme sur son blog cette semaine : “Pour le reste, comme on pourra le constater ci-après, et comme le chantait encore ce matin France Inter - Radio Paris, pour mieux dire -, la Grèce va mieux ! La preuve ? On a appris hier qu’à Komotiní, dans le Nord du pays, un homme âgé de 38 ans est mort dans l’incendie de sa maison, au 103, rue Labyrinthos. Cet incendie a été provoqué par des bougies, son frère, avec qui il cohabitait, a pu sortir à temps de la maison. L’électricité avait été coupée en raison d’une dette envers la compagnie d’électricité”, blog d’Olivier Delorme, le 4 avril. Lisez le reste de son article pour ainsi découvrir... la liste du “bonheur grec retrouvé”. (...)
La Grèce va mieux ! La preuve ? Les suicides, lesquels se poursuivent et se multiplient, le plus souvent ignorés de la presse nationale. Même si leurs causes peuvent être considérées d’après le reportage au cas par cas de la presse locale, comme “spécifiques”, et comme hypothétiquement échappant à la morosité anthropologique de la Grèce actuelle, cette réalité est pourtant incontournable... donc ignorée des discours officiels et parfois même médiatiques. (...)
En même temps et c’est aussi une forme de réaction, des monastères et notamment ceux du Mont Athos, inaugurent alors églises et locaux en ville, pour que leurs moines puissent rencontrer les fidèles en ville, de plus en nombreux. On dirait que le petit peuple s’accroche comme il le peut, là où il peut. (...)
à travers Athènes... en large, c’est l’irruption de la métropolisation mais alors violente. La classe moyenne fut défaite en un temps record, autant que sa société grecque, le tout précédé d’une forme de viol qui n’est pas que symbolique. La relative gestion du futur lui a été retirée, autant que celle de la petite mais très large propriété foncière, la seule assurance réelle des Grecs devant les aléas finalement visibles de la globalisation. Les projets pharaoniques en Attique, dont celui du Grand Pirée, mené entre autres par le géant chinois COSCO en disent bien long sur les suites illogiques en cours. (...)
Il fait bon vivre parfois à Athènes et le soleil finira souvent par briller. En tout cas pour certains. Sans aucune alternance politique possible par les urnes, en tout cas pour le moment, la Grèce violée et menacée d’être dépecée fait son entrée aboutie dans la globalisation maintenant que sa classe moyenne a été détruite en si peu de temps, et que le pays est sélectivement repeuplé d’en haut par les bobos importés qui se rajoutent aux nôtres, et par le bas par les migrants souvent issus de la classe moyenne autant paupérisée et malmenée depuis le large monde arabo-musulman, histoire de ne plus laisser aucune chance si possible à la résurgence du lien identitaire des autochtones, surtout appauvris, donc potentiellement dangereux politiquement à terme.
Airbnb fera le reste, et déjà “l’État grec” brade plus d’un millier de biens immobiliers pour qu’ils se transforment en logements Airbnb, presse grecque du moment. (...)
Moments toujours graves, situation aggravée depuis 1979, politiciens gravissimes, intellectuels chiens de garde du totalitarisme actuel supposé “soft”, et autant ecclésiastiques des inégalités explosives qu’il impose à la plus large majorité.
Jadis d’actualité, la mémoire de Dimítris Christoúlas au jour anniversaire de sa disparition le 4 avril, a été complètement oubliée, autrement-dit occultée par les medias, Internet compris. Pourtant, la mémoire collective et populaire résiste encore. Les bouquinistes ressortent des revues anciennes sur les élections législatives de 1974, les politiques caricaturés en page de couverture ne sont plus de ce monde, et ce monde n’est décident plus. Place Sýntagma nos retraités s’avancent pourtant courageusement à travers une foule plutôt nouvelle à défaut d’être novatrice. (...)
la robotisation et leur projet transhumaniste, abolissent in fine l’espèce humaine avec son hybridation avec le machinisme scientiste, serait à leurs yeux le point final, j’ose dire, celui de la nouvelle “solution finale” en passant entre autres par le... Revenu universel garanti.
Ne l’oublions surtout pas, l’hybris est d’abord une notion grecque signifiant la démesure, l’orgueil. Les Anciens lui opposaient la tempérance et la modération et dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée ; autrement-dit la tentation de démesure ou de folie imprudente des hommes, tentés de rivaliser avec les dieux. (...)
Notre modèle ne fait plus société, n’intègre pas le plus grand nombre analyse Christophe Guilluy ; sauf que pour les élites il n’est plus question, et à leur goût même définitivement, que de refaire société. Comme l’écrivent de leur côté le biologiste Jacques Testart et la journaliste Agnès Rousseaux, “convenons avec la psychanalyste Monette Vacquin que ce qui caractérise ce moment de l’humanité semble être une attaque sans précédent portée à la catégorie de l’Autre, anéantie par la maîtrise, à celle de la différence, abolie dans la chimère ou l’hybridation, à celle du corps sensible, dans la proposition prothétique, à celle de la pensée, dans sa réduction à ses seuls aspects fonctionnels, à celle de l’Interdit enfin, par sa disqualification au nom de la liberté de la recherche.”
“Comment pourrons-nous continuer à faire société si l’augmentation de l’humain devient le but qu’il faudrait accepter ? Si certains veulent préserver leur corps, dans l’hypothèse d’une future décongélation, ou avaler des molécules dans l’espoir de gagner quelques années de vie, de quel droit l’interdire ? Si certains milliardaires sont prêts à dépenser leur fortune pour ces folles promesses et que certains chercheurs surfent sur nos peurs ancestrales, après tout où est le problème ? demandent les avocats du transhumanisme. Il se trouve que ces nouveaux comportements contribuent à bouleverser notre perception de la mort et donc notre manière de vivre ensemble. Un bouleversement qui est loin d’être anodin”, “Au péril de l’humain. Les promesses suicidaires des transhumanistes”, 2018.
Soleil de retour, mer agitée, puis, nos incontournables animaux sans maître, autrement-dit adespotes. La presse s’attarde sur les candidates et les candidats aux prochains scrutins, le tout, entre scandales politico-financiers à répétition et cynisme politique à outrance.
Il va falloir continuer à faire société, déjà sans ces derniers !