
Les émissions massives de gaz carbonique dans l’atmosphère amplifient l’effet de serre, mais pas seulement. La combustion des énergies fossiles libère bien souvent des particules fines et de l’ozone troposphérique, des polluants fortement nocifs. Selon les estimations surprenantes de chercheurs de l’université de Caroline du Nord, indirectement, réduire les gaz à effet de serre pourrait éviter de nombreux décès prématurés, plus de 2 millions en 2100 précisent-ils.
Réduire dès à présent les émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère sauverait la vie d’un demi-million de personnes par an en 2030, de 1,3 million en 2050 et de 2,2 millions en 2100. Épargner tous ces humains aurait en outre un avantage économique, estimé entre 50 et 380 dollars gagnés par tonne de gaz carbonique non émis... Ces résultats sont pour le moins déconcertants, et difficiles à vérifier, mais ils donnent au moins un ordre de grandeur non négligeable. (...)
Jusqu’à présent, les estimations des bienfaits qu’apporte la réduction d’émission des GES étaient évaluées localement et sur le court terme. Or, ce type d’étude ne prend pas en compte le transport sur le long terme des polluants, ni l’évolution démographique du monde. Dans ce contexte, l’équipe de Jason West s’est servie d’un modèle atmosphérique global pour évaluer l’impact qu’aurait la diminution d’émission de gaz carbonique sur les rejets de polluants, et donc sur la santé humaine. (...)
Dans leur étude, publiée dans la revue Nature Climate Change, les auteurs ont également estimé l’impact économique. Éviter autant de décès prématurés causés par la pollution augmente en effet la proportion de population active, et par là même le nombre de travailleurs et de consommateurs. D’où l’estimation d’un gain de 50 à 380 dollars par tonne de carbone non émis. En 2030 et en 2050, ce « bénéfice collatéral » sera notablement supérieur au coût de réduction de CO2. En Asie du Sud-Est, où les deux tiers des décès liés à la pollution atmosphérique risquent de se produire, le rapport serait même compris entre 10 et 70. Selon les auteurs, cependant, en 2100, le prix pour réduire encore les émissions de CO2 sera plus élevé et le bilan économique plus faible. Resteront alors les vies sauvées... (...)