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Recyclés ? Non, nos déchets plastiques inondent l’Asie du Sud-Est
Article mis en ligne le 29 avril 2019

Les touristes occidentaux qui arpentent les routes du Sud-Est asiatique sont toujours choqués par l’omniprésence de déchets plastiques dans l’environnement de la péninsule et de l’archipel. Le plastique abonde dans la vie quotidienne, qu’il s’agisse d’usage unique ou d’objets.

Dans les supermarchés et les épiceries, les contenants en verre ou en carton sont plus rares qu’en Europe et les doses individuelles plus répandues. Dans les marchés, les emballages en feuilles de bananier ont laissé place au plastique et parmi les stands, il en est souvent un qui vend aux commerçants les sacs en plastique et boîtes en polystyrène dont ils font un usage abondant.

Le traitement des déchets pose problème : les infrastructures sont mauvaises ou inexistantes et dans les zones rurales les déchets ne sont pas collectés, chaque famille brûlant dans son jardin ses emballages de snacks, sacs ou bouteilles en plastique. À ces difficultés s’ajoutent désormais celles que connaît la région depuis qu’elle suscite les convoitises des acteurs du marché mondial du recyclage des déchets.

Car le problème des déchets domestiques est aggravé par l’importation de ceux des pays riches, des États-Unis au Japon, en passant par l’Europe. (...=

« Épée nationale » et crise mondiale des déchets

En juillet 2017, la Chine annonce à l’OMC ne plus accepter sur son territoire les déchets en plastique qui y étaient jusqu’alors retraités. L’opération « Épée nationale » prend effet le 1er janvier suivant et a pour but la « protection de la Chine, de son environnement et de la santé de ses citoyens ». Les industriels s’affolent puis se tournent alors vers les pays pauvres adjacents, lesquels n’ont pas encore fermé leurs portes à ces importations. (...)

La bonne conscience empire la situation puisque les ménages occidentaux qui souhaitent faire un geste pour l’environnement ont tendance à mettre tous les plastiques dans la poubelle de tri. C’est autant qu’il sera recyclé, se disent-ils, alors que cela augmente considérablement le coût du traitement. Et avec les prix du pétrole relativement bas depuis l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, les plastiques neufs sont plus compétitifs que ceux issus du recyclage. C’est une opération à très faible valeur ajoutée qui est ainsi exportée vers l’Asie du Sud-Est… en échange d’un endroit où se débarrasser du reste.

Depuis 1950, seulement 9 % des plastiques produits dans le monde ont été recyclés. Ni l’Indonésie, ni la Thaïlande ou la Malaisie n’ont de solution technique miraculeuse à leur disposition pour faire mieux. Ce sont en revanche des États aux législations environnementales peu exigeantes. Leurs populations pauvres ont du mal à faire valoir leur droit à un environnement sain ou à refuser de travailler dans les décharges qui depuis 2018 ont surgi dans ces trois pays. (...)

La Malaisie a, selon Greenpeace, importé autant de déchets plastiques l’an dernier que les États-Unis n’en exportaient, la France étant le dixième de ses contributeurs, pendant que la Thaïlande a vu ses importations décupler. Publié le 24 avril dernier par l’ONG américaine GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives), un rapport sur la Malaisie, la Thaïlande et l’Indonésie décrit les problèmes écologiques et sanitaires posés par le traitement sauvage des déchets plastiques aussi bien que les réactions politiques à ce qui est vite devenu une véritable crise mondiale. (...)

L’Indonésie, qui est avec la Chine le plus gros contributeur de plastique dans les océans, interdit en juin 2018 l’importation de déchets plastiques. Mais les portes d’entrée sont mal surveillées et en novembre, le ministre de l’Industrie Airlangga Hartarto demande la levée de l’interdiction pour soutenir l’économie du pays dans ce domaine.

Décharges sauvages en Malaisie

La combustion de ces plastiques libère dans l’atmosphère de la dioxine, du furane, du mercure ou des polychlorobiphényles (PCB). ces produits sont toxiques, pour la plupart très volatiles ou liposolubles, susceptibles de contaminer l’environnement et de s’accumuler dans le corps humain où il sont responsables de cancers et de troubles hormonaux ou du système nerveux.
(...)

La fin du trafic mondial des déchets ?

Beaucoup d’Occidentaux « croient dans le recyclage », à l’instar de cette dame de l’Oregon qui effectuait le tri de ses déchets en toute bonne conscience écologique. Aujourd’hui, l’Amérique garde une partie de ses déchets et les stocke en décharge. L’Union européenne s’inquiète, mais la crise globale des déchets plastiques a peu d’échos en France, où les ménages « recyclent » toujours leurs déchets en les mettant dans les poubelles de la bonne couleur. Avec le retrait de la Chine de cette industrie, c’est un « mythe » qui s’effondre, selon les mots de Greenpeace. Le recyclage n’est pas écologique s’il repose sur le transport de matières sur des dizaines de milliers de kilomètres. Et les procédés industriels verts sont incapables de résoudre les problèmes créés par cette même industrie. N’est-ce pas le moment enfin d’envisager une réduction drastique de la production de déchets ?