
A l’initiative du Ministre des Solidarités, l’Igas vient de lui remettre un rapport sur les crèches. Il est alarmant. L’Unaf - membre du comité de filière métiers de la petite enfance, co-rapporteure de l’avis du CESE sur le SPPE, auditionnée par l’Igas pour cette mission - se retrouve dans les constats et les propositions nécessaires pour améliorer le bien-être des enfants, et donc celui des familles.
Des maltraitances institutionnelles insupportables
L’Unaf n’a cessé d’alerter sur les risques de dysfonctionnement des crèches au détriment des tout-petits et de la confiance des parents pour ces établissements : pénurie et turn over de professionnels, mode de financement qui contraint les gestionnaires à optimiser le taux d’occupation de leur crèche, manque d’espaces extérieurs… La création du futur Service Public de la Petite Enfance (SPPE) doit répondre à ces enjeux.
L’Unaf salue qu’un rapport officiel cible enfin le problème du développement non maitrisé des entreprises lucratives qui, en plus, appliquent parfois des tarifs prohibitifs. En février 2022, en réaction à l’affaire Orpéa, l’Unaf appelait déjà à « requestionner la compatibilité du modèle économique lucratif avec l’accompagnement des personnes vulnérables et plus largement avec les services bénéficiant de financements publics. Le champ de la dépendance, au même titre que d’autres champs comme celui de la Petite enfance, ne doit pas reposer que sur des questions de rendement au bénéfice des actionnaires. »
Un système global d’accueil de la Petite Enfance à réformer (...)
Les témoignages des professionnels figurant dans le rapport, sont le signe de leur souffrance et de leur engagement. C’est pourquoi, sans jeter l’opprobre sur l’ensemble de la profession, ni sur les parents, ce rapport doit servir d’électrochoc pour construire une offre d’accueil fondée sur la recherche du bien-être des enfants, sans augmentation du coût pour les familles. Ce doit être la priorité de l’ensemble des décideurs publics : Branche Famille, Etat, collectivités territoriales.
télécharger le rapport de l’IGAS :
Lire aussi :
– (Les pros de la petite enfance)
Rapport IGAS sur les crèches : la qualité d’accueil, les normes d’encadrement et la formation des professionnels en question
Les quatre inspecteurs généraux de l’IGAS en charge de la mission sur « la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance dans les crèches » ont donné la primeur des grands axes de leur rapport (voir encadré) jeudi 6 avril au Comité de filière petite enfance. En l’absence du ministre retenu à l’Assemblée nationale. Il est, depuis mardi 11 avril, publié sur le site de l’IGAS et accessible à tous. Un rapport de près de 100 pages assorti de deux tomes d’annexes qui rappelle que les crèches ne doivent pas seulement être au service des familles mais aussi et avant tout au service des enfants. Il dresse d’une part un constat non édulcoré, assez sévère mais hélas réaliste de la qualité d’accueil qui n’est pas au rendez-vous. Et il propose d’autre part 39 recommandations dont certaines sont assez décoiffantes. Ce rapport courageux et, à bien des égards, alarmant ne restera pas lettre morte et des mesures destinées à rassurer professionnels et parents devraient être annoncées d’ici la fin du mois. Probablement lors du dernier CNR petite enfance qui se tiendra à Nancy, début mai. (...)
Un rapport publié dans un contexte tendu
Il était précédé d’une réputation sulfureuse. Par bribes, sortaient des faits rapportés par les professionnels interrogés, tous plus épouvantables les uns que les autres. Avec dans la foulée des références aux Ehpad et au livre du journaliste Victor Castanet.
C’est vrai, il y a dans le rapport et ses annexes des témoignages relatant des situations et comportements inadmissibles, odieux et qui font froid dans le dos. Se concentrer exclusivement sur ces verbatim pourrait très vite faire plonger dans le sensationnalisme gratuit et malsain. Même s’il n’est pas question ici d’en minimiser la gravité bien sûr.
Mais cela ne devrait pas masquer l’essentiel : ce rapport est profond, dense et documenté et au-delà du constat dont il tente de déterminer les causes, il offre des perspectives pour améliorer la qualité d’accueil dans les crèches et y limiter les risques de maltraitance. (...)
– (IGAS)
Qualité de l’accueil et prévention de la maltraitance institutionnelle dans les crèches
A la suite du décès d’un jeune enfant survenu au sein d’une crèche collective en juin 2022, l’inspection générale des affaires sociales a été saisie par le ministre chargé des Solidarités afin d’évaluer plus largement la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance dans l’ensemble des établissements d’accueil du jeune enfant (hors crèches familiales et jardins d’enfants).
Afin d’analyser les facteurs pouvant concourir à la qualité de l’accueil ou constituer des risques de dérives et de maltraitance individuelle et institutionnelle dans ces établissements, qui accueillent des publics particulièrement dépendants et vulnérables, la mission d’inspection a pris appui sur la littérature, a auditionné plus de 300 personnes (professionnels, fédérations, autorités, chercheurs…), a visité 36 crèches installées dans huit départements métropolitains et analysé les réponses à des questionnaires adressés aux parents des enfants accueillis, aux directeurs et aux professionnels des établissements.
A l’issue de ses investigations, la mission formule des recommandations portant sur les domaines suivants :
- la connaissance du développement de l’enfant et l’apport de la science ;
- la garantie d’une présence effective et sécurisante auprès des enfants ;
- l’amélioration du bâti et de l’aménagement intérieur et extérieur ;
- les ressources humaines et les formations professionnelles ;
- le financement et la qualité de l’accueil ;
- le circuit d’alerte, de réclamation et de signalement ;
- l’évaluation et l’inspection contrôle ;
- la gouvernance du secteur de la petite enfance.
(...)