
Les éditorialistes jubilent. Le FN aussi. Le rictus semble être le même. Aujourd’hui, Mélenchon est un cadavre exquis pour tous les chiens de garde qui ont choisi leur camp historique, celui dont le credo est depuis toujours : « mieux vaut Hitler que le Front Populaire ».
(...) En pourchassant Le Pen dans son repaire de Hénin Beaumont pour venger le score de la Présidentielle (Front de Gauche : 11,10% ; Front National : 17,90%), Mélenchon s’est bel et bien jeté dans la gueule du loup, et ce, avec un panache qui confine à l’inconscience… ou à l’autodestruction. Pour quelle raison a-t-on commis cette erreur monumentale ? Orgueil mal placé ? Entourage de conseillers à la petite semaine qui ont cherché à tout prix le coup médiatique ? Quoi qu’il en soit, cette erreur aurait dû être évitée. Elle fragilise le Front de Gauche, humilie son candidat à la Présidentielle, fait bien rire les militants du Front National. Le discours infantile consistant à dire : « nous sommes les gentils donc nous ne pouvons pas perdre » doit cesser à tout prix. Analysons notre échec au lieu d’être stupéfaits de ne pas avoir gagné. (...)
Contrairement à l’analyse véhiculée par les médias dominants avec une habile rhétorique, si le Front de Gauche n’obtient pas des résultats mirobolants, ce n’est pas d’avoir été trop révolutionnaire, c’est de ne pas l’avoir été suffisamment. Quand on déclare être ni dans la majorité ni dans l’opposition, il ne faut pas s’étonner d’être nulle part. Cette ligne-là brouille les cartes et laisse à la droite le monopole de l’opposition. Pendant la campagne des législatives, le Front de Gauche aurait dû se montrer bien plus offensif à l’égard du Parti Socialiste. Il devra le faire à l’avenir, car c’est sa raison d’être qui est en jeu, c’est sa légitimité. Un retour à la bonne entente et au copinage façon Gauche Plurielle signifierait la disparition de l’autre gauche, ou gauche radicale, appelons-la comme on veut.
(...)
Le Front de Gauche, s’il veut survivre, doit renouer avec un discours de classe et s’assumer en tant que force révolutionnaire. Il n’y a rien à gagner à être le satellite du Parti Socialiste, sinon quelques places et la disgrâce de les avoir obtenues en reniant ses principes, sinon la mort pure et simple d’une gauche à la gauche du PS.
Si, avec ses 6,9% au premier tour des législatives, le Front de Gauche parvient malgré tout à former un groupe parlementaire[4], ce groupe devra être d’une volonté sans faille pour faire barrage à la future politique « austéritaire » des socio-libéraux.