
Modernité accrue. Ateliers dits du monde. Les marchands du temple inventent, et ils inventeront jusqu’au clash final. Les enjolivures de Noël sont de retour, tandis que “nous introduisons Black Friday pour la première fois en Grèce”, ce sont les marketistes qui s’expriment de la sorte. Question de prix, comme autant pour Alexis Tsipras... pour son énorme “Prix du courage politique”. Il lui a été discerné cette semaine à Paris, couplé de celui de l’engagement au prétendu “idéal Européen”. Marchands du temple comme du “Template”, outrage politique... vendredi, effectivement noir.
Les médias insistent et en rajoutent pour ce qui a tenu de la cohue qu’a provoquée dans certaines rues et sur certains trottoirs d’Athènes, cet appel... si global et marchand du vendredi noir. Devant les enseignes de taille, les plus jeunes surtout, ils auront incarné sans nécessairement le réaliser, la preuve tangible par l’aboutissement de l’offensive du (seul) technotropisme... réellement existant, marchandisé à outrance.
Les armes d’autrefois devenant parfois (pas toujours) nos dernières curiosités muséales, tandis que les armes nouveaux, ils incarneront désormais les trouvailles en matière de guerre asymétrique, vitrines comprises. Modernité oblige, on s’entassera comme alors nos ancêtres s’amassaient il y a un siècle tout juste, dans les boyaux et les tranchées de la Grande guerre... ainsi nous, devant les Smartphones, iPhone et autres... métaphones, car crise ou pas, un certain peuple en raffole. Gueules cassées d’antan, gueules cassées finalement de toujours. Fragments d’écrans... comme fragments d’obus. Vendredi, effectivement noir
Métaphones alors, puis, quelques vêtements et chaussures ont été parmi les articles prisés, question disons de prix. Et pendant que cette cohue le plus souvent localisée et médiatisée, les petits commerces des quartiers étaient comme d’habitude, désertés. Modernité ainsi accrue. Les marchands du temple inventent, à l’image de ce mannequin enchaîné derrière une vitrine dans le quartier aisé de Kolonáki, près du centre d’Athènes. (...)
C’est également de notre distante et fraîche saison... technologique, la nouvelle est venue de l’île de Crète. C’est à l’intérieur des vestiaires d’un stade en construction, que le corps inanimé d’un homme sans-abri vient d’être retrouvé (encore) cette semaine. Il a été repéré par la sonnerie de son téléphone mobile qui résonnait sans réponse derrière la porte fermée des vestiaires (presse locale de Crète du 21 novembre 2017) . Humanité... déshabillée, plus l’électricité et son “existence” numérique. (...)
Les apparences d’une normalité sont donc sauvées car elles restent dans un sens, fonctionnelles. Question... de prix, à l’instar d’Alexis Tsipras... pour son énorme “Prix du courage politique”. Il lui a été discerné cette semaine à Paris, où ce... premier lampiste grec a été ainsi récompensé par la revue française “Politique internationale” et par son directeur Patrick Wajsman, politologue rangé parmi les promoteurs français des thèses néoconservatrices.
Comme on sait et en toute logique, “Politique internationale” est lue dans les cercles très officiels de l’empire financieriste et métadémocratique, et il devient donc important que de récompenser les meilleurs valets de ce système. Question... toujours de prix ! “Dans son allocution lors de la remise de prix Alexis Tsipras s’est félicité d’être parvenu à maintenir son pays à l’intérieur de la zone euro.”
rabâchent-on depuis les médias... “Eurotiques” ! (...)
Tsipras lui-même vient de déclarer dans une interview accordée au “Figaro” : “(...) j’ai une communication régulière et continue avec le président Macron même si nos opinions ne sont pas toujours similaires. Nous avons la même vision, les mêmes convictions.”
Tsipras aura répété ces inepties trompeuses, bien propres à la gauche de l’ancien temps (c’est-à-dire d’il y a deux ans), du genre : “L’Europe ne peut plus prendre des décisions derrière des portes closes” ou “une autre Europe est possible”. En attendant, bien de Grecs fermeront leurs portes et leurs fenêtres pour ne pas avoir froid (car souvent nos appartements restent sans chauffage central), pendant que les plus jeunes d’entre eux, se féliciteront de leurs “récompenses” du seul et dernier technotropisme puisque comme on sait, les marchands du temple inventent, et ils inventeront jusqu’au clash final. (...)
Vendredi noir décidemment, ainsi, ces deux récompenses, et plutôt... dividendes aux yeux des Grecs, elles ont surtout et d’abord couronné l’outrage fait au peuple et à son ‘NON’ de juillet 2015. Depuis vendredi, la sphère Internet grecque déborde de messages ou commentaires incitant ouvertement à... “trucider le traître Tsipras et les autres avec”, et dans le même ordre d’idées sur un mur d’Athènes, près du (pseudo) Parlement de la colonie européiste et de la dette, on y aperçoit ce slogan, autant fort explicite : “Syrizistes traîtres”. (...)
Comme l’écrit l’économiste Kostas Lapavítsas dans sa chronique du jour sous le titre “De profundis” : “Ce qui est très exactement caractéristique de l’état actuel de l’économie grecque, c’est cette stabilité des cimetières. Par exemple, en ce 20 novembre, ELSTAT (Statistique grecque) vient d’annoncer que l’activité l’industrielle a reculé de 0,8% en septembre dernier. Cet indice est alors en baisse continue depuis environ un semestre. La reprise industrielle de grande ampleur dans laquelle tant d’espoirs gouvernementaux ont été préalablement pressentis et annoncés pour la fin 2016 et pour le début 2017, n’existe tout simplement pas.” (...)
"la mutation SYRIZA a donné une grande confiance à tous ceux qui ont traversé la crise ayant éprouvé les pertes les plus légères qu’elles soient, en particulier au sein des couches très aisées de la population. Et pour ces gens, il n’y a plus la moindre hésitation lorsqu’il s’agit d’exhiber leur fortune. Une simple promenade dans le centre d’Athènes est suffisant pour apercevoir cette couche et classe aisées et sans pitié, insolence d’une classe fabriquée (ou sinon renforcée) par les mémoranda (politiques d’austérité), et qui profite de son confort sans craindre de le montrer aux chômeurs, aux pauvres, à cette grande majorité de la population laquelle passe son temps à calculer mêmes ses pauvres centimes à chaque euro.” (“Quotidien des Rédacteurs” du 25 novembre 2017). (...)
C’est un constat que je partage et qui trompe d’ailleurs autant et fréquemment nos touristes, quant aux réalités du pays. C’est bien connu, les touristes circulent le plus souvent dans un périmètre bien précis, tandis que les paupérisés du pays comme ceux de la ville d’Athéna devenus (partiellement) invisibles, ils ne sortent pratiquement plus de chez eux.
Et pour ce qui est des couches aisées, je me souviens même que durant ces mois très denses de la première période Troïkanne, aux manifestations populaires très massives, les plus fortunés, souvent ils hésitaient d’exhiber leurs richesses, essentiellement par crainte d’être attaqués, si ce n’est que verbalement. Mais depuis, les temps ont visiblement changé.
Et l’on résistera irrévérencieusement aux ukases des marchands du temple tout comme devant leurs vendredis plus noirs que jamais, autant à travers par exemple nos écrivains ou en soutenant ceux qu’y travaillent pout faire connaître leurs œuvres, en Grèce comme aussi ailleurs. (...)