
Les élections provinciales québécoises du mois de septembre décideront de la reconduite au pouvoir du libéral Jean Charest pour un quatrième mandat consécutif de Premier ministre. Elles sont l’occasion de revenir sur la révolte étudiante qui gronde encore, que l’on a appelée « printemps érable »..
J’ai eu le privilège de travailler à l’université du Québec à Montréal (UQAM)
durant ces évènements cruciaux pour l’avenir du Québec et pour l’enseignement supérieur contemporain. Ce mouvement défend une valeur que nous, francophones, partageons : celle de l’accomplissement de l’égalité méritocratique par l’instruction universelle. C’est pourquoi j’encourage les francophones, et en particulier les Français, à soutenir autant que possible ce mouvement (...)
La révolte des étudiants est avant tout une lutte pour la préservation des sciences humaines, nécessaires à la démocratie : qui ne comprend pas les enjeux politiques se laisse diriger malgré lui. (...)
les plus aisés ne paieront des études de sciences humaines qu’à leurs rejetons les moins prometteurs, tandis que les moins bien lotis verront l’accès à la compréhension du monde contemporain fermé ;
ceux qui se situent dans cet entre-deux assimileront la revendication sociale au déclassement, et concevront les humanités qui la permettent comme pernicieuses.
Garroter l’afflux des étudiants, afin de mieux amputer la conscience de soi de la population, est un projet d’avenir qui vise à scinder la société civile entre bras et cerveaux. (...)
A cela s’ajoute la double compromission, économique et culturelle, du gouvernement libéral. D’un côté, pour obtenir les faveurs du milieu financier, il brade les ressources naturelles du pays aux compagnies étrangères (...)
De l’autre, il laisse la loi 101 qui garantit le français comme langue publique, régulièrement bafouée (...)
Le mouvement érable appelle à une refonte du système universitaire libéral, qui privilégie la science pour la science, éloignant ainsi l’université de sa fonction première d’éducation populaire. (...)
Les Québécois n’ont plus rien à espérer d’un gouvernement qui les prolétarise et les met en minorité chez eux ; les solutions ne passent pas par la méprisante « pédagogie » qui infantilise le citoyen, mais par l’écoute des étudiants, encore pétris de l’humanisme de leurs institutions. Ils sont l’avenir du Québec et de toute la francophonie, voilà pourquoi je suis convaincu qu’il nous faut les soutenir.