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Que reste-t-il de Jaurès, un siècle après son assassinat ?
par Gaspard-Hubert B. Lonsi Koko jeudi 6 mars 2014
Article mis en ligne le 9 mars 2014
dernière modification le 6 mars 2014

L’Histoire du socialisme peut être décomposée en quatre périodes. La première, la plus ancienne, a commencé au début du XIXe siècle. C’est l’archéo-socialisme allant de François Noël Babeuf, dit Gracchus, à Pierre Joseph Proudhon. La seconde époque du socialisme, qui allait de Karl Marx à Joseph Lénine, avait trait au socialisme historique. Quant à la troisième époque, elle est celle allant de Jean Jaurès à Léon Blum. C’était la période du socialisme moderne, la plus active de la pensée socialiste – ayant couvert outre la Révolution russe, la révolution et la contre-révolution allemandes d’après-guerre, l’avènement d’Adolf Hitler, les dictatures fascistes, Staline, la Seconde Guerre mondiale et la révolution chinoise. Le plus grand penseur socialiste de cette époque était évidemment Jean Jaurès. Ce dernier avait dominé non seulement le socialisme français, dont il est resté l’un des plus remarquables, mais aussi le socialisme international.

Antagoniste de Jean Jaurès, en Allemagne, Karl Kautsky était apparu comme le théoricien du marxisme dogmatique développé après la mort de Karl Marx. Il avait été longtemps le représentant du Parti Social-Démocrate Allemand à la IIe Internationale et avait partagé avec August Bebel le privilège de parler au nom de Karl Marx. Bien entendu, la période du socialisme moderne fut certainement la plus fructueuse sur le plan doctrinal. C’était aussi celle où des événements nombreux et importants ont constitué, côtoyant la pensée de tous ces grands dirigeants socialistes, un théâtre de pratiques historiques particulièrement révélatrices

La quatrième période est celle du socialisme contemporain. Face à leurs adversaires réactionnaires et même à leurs partenaires républicains et radicaux, la position rigide des socialistes a rendu difficile le rôle du Parti Socialiste. Mais pour la première fois en France, le 10 mai 1981, les socialistes ont pu prendre le pouvoir grâce au suffrage universel. C’est donc dans la dernière partie de l’époque du socialisme moderne qu’a démarré l’expérience socialiste française avec la prise du pouvoir par le pragmatisme de François Mitterrand, et l’accession à l’Élysée de François Hollande[1].

Un républicain réformiste

Plus républicain que révolutionnaire, partisan d’un humanisme conciliateur, Jean Jaurès avait reçu des influences diverses : marxiste (lassalienne), syndicaliste-révolutionnaire, utopiste, radicale et chrétienne (Lamennais). Son assassinat par Raoul Villain le 31 juillet 1914[2] fut, pour tous les socialistes, un coup presque fatal asséné à la cohésion et à la légitimité du socialisme français par le fascisme commençant.

Jaurès était un pur réformiste qui définissait un socialisme de conciliation et de synthèse, en y incorporant la société démocratique et la République. Il n’y avait aucune orthodoxie doctrinale dans sa pensée, car il s’adaptait en permanence aux circonstances et aux événements. Il donnerait au courant réformiste ses lettres de noblesse et préciserait son identité en parvenant, sur toutes les grandes questions posées au socialisme, à une solution originale qui lui permettrait de se positionner au centre afin de rassembler davantage.

Le marxiste humaniste (...)