
En amont de la réunion des gouverneurs du 4 juin, qui décidera de la suite de la réponse monétaire donnée au Covid-19, Reclaim Finance publie un rapport révélant que les achats d’actifs d’entreprises de la Banque Centrale Européenne (BCE) financent de manière importante toutes les énergies fossiles. Il donne raison aux membres de plus en plus nombreux de la société civile qui appellent à une sortie de crise verte et solidaire et propose des mesures spécifiques pour aligner le quantitative easing avec les objectifs climatiques européens. Reclaim Finance appelle les gouverneurs de l’Eurosystème à faire de la réunion du 4 juin celle de la fin des achats d’actifs d’entreprises fortement liées aux énergies fossiles.

Le rapport intitulé “Quantitative easing et climat : le sale secret de la BCE”, qui étudie la liste des actifs détenus par la BCE au titre des achats d’actifs d’entreprises (CSPP et PEPP) montre que le quantitative easing bénéficie aujourd’hui fortement aux entreprises des secteurs les plus polluants (énergies fossiles, aérien, automobile…). Le BCE a acheté les titres de 38 entreprises des énergies fossiles. Parmi elles, 10 entreprises sont liées au secteur du charbon, pour une puissance totale installée d’environ 66 000 MW, soit plus que l’ensemble des réacteurs nucléaires français en service. (...)
Le charbon n’est pas le seul problème : des majors pétrolières et gazières, dont Shell et Total, qui prévoient d’accroître leurs productions de 38 et 12% de 2018 à 2030, figurent dans la liste des titres achetés au titre du CSPP et PEPP. Shell prévoit même d’exploiter des réserves de pétrole et gaz de schiste atteignant 12 fois sa production actuelle dans le domaine. Au-delà des énergies fossiles, le portefeuille de la BCE fait la part belle aux activités à forte intensité carbone. 63% des actifs achetés seraient ceux d’entreprises polluantes, soit jusqu’à 132 milliards de financements polluants pour les seuls rachats lancés en réponse à la crise du Covid-19.