Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
up magazine info
Quand un Traité international freine la lutte climatique et protège les pollueurs
Article mis en ligne le 23 décembre 2020

Alors que nous célébrons les cinq ans de l’Accord de Paris sur le climat et qu’un Conseil européen doit rehausser l’ambition climatique européenne ces 10 et 11 décembre, celle-ci sera-elle entravée par un traité vieux de 30 ans ? Il s’agit du TCE – Traité sur la charte de l’énergie – pour lequel des eurodéputés ont réclamé en octobre dernier que l’UE se retire de la « Charte de l’énergie », qualifiée d’ »obsolète » et d’ »assurance-vie » pour les énergies fossiles, si la renégociation engagée par Bruxelles n’aboutit pas. Explications.

C’est au sortir de la guerre froide, que le Traité sur la Charte de l’énergie (TCE) a été créé en 1994, et entré en vigueur en 1998, par une cinquantaine d’États pour faciliter la coopération énergétique avec les pays d’Europe de l’Est et d’ex-URSS en protégeant les investissements internationaux dans ce secteur. Visant à améliorer la sécurité des approvisionnements, il oblige chaque partie à faciliter le transit des produits énergétiques sans distinction et fixe des procédures strictes pour le règlement des différends entre les États ainsi qu’entre États et entreprises, couvrant beaucoup de sources d’énergie comme le charbon, le pétrole ou le gaz naturel. Aujourd’hui, il comprend précisément 53 signataires dont l’Union européenne et tous ses pays membres (à l’exception de l’Italie), le Japon, la Turquie, l’Ukraine, la Géorgie, le Kazakhstan.
Il s’agit d’un vaste accord de commerce et d’investissement. Un cadre contraignant, donc, que reconnaissait la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson, lors d’un débat au Parlement européen en octobre dernier : « Il faut préparer le TCE pour l’avenir, qu’il nous aide à affronter le changement climatique et la transition verte, l’objectif 2050 de neutralité carbone ».
Un cadre contraignant que l’UE entend « réformer substantiellement »

Comme l’explique l’AFP dans une « brève » du 22 octobre 2020, une renégociation du traité au regard des préoccupations environnementales a débuté cette année, avec trois rounds de pourparlers en juillet, septembre, et novembre, sans véritable avancement.
« Une gageure », car toute modification exige l’accord des quelque 53 signataires : l’objectif de retirer les énergies fossiles du cadre du TCE « provoque certainement des résistances de la part de beaucoup des signataires non-européens », eux-mêmes producteurs d’hydrocarbures, a souligné Kadri Simson.

Les eurodéputés exigent quasi-unanimement une modification radicale, fustigeant particulièrement le mécanisme de règlement des différends qui, selon eux, empêche d’abandonner des infrastructures ou des approvisionnements dans les énergies fossiles (...)

« Ce traité archaïque et climaticide fonctionne comme une assurance vie pour les industries fossiles » (...)

« Toutes les options sont sur la table. Mais un retrait est compliqué (…) Si l’UE en sort maintenant, elle devra continuer d’appliquer le traité non réformé pendant vingt ans pour les investissements en cours au moment du retrait ». (...)