
(...) Au cours de la réforme bancaire discutée au Parlement européen en 2016, Sylvie Goulard, la probable future commissaire européenne française, a signé deux amendements… quasi-entièrement recopiés d’un argumentaire du lobby des banques allemandes. Contactée par "Marianne", elle assume. Pas de quoi rassurer sur la future ligne de la France à Bruxelles… (...)
Pendant le débat au Parlement européen sur la réforme des règles de la finance, en 2016, l’actuelle sous-gouverneure de la Banque de France a présenté deux amendements dont la teneur et la justification reprennent mot pour mot, pour leur majeure partie, un argumentaire de la Deutsche Kreditwirtschaft, qui représente les intérêts du secteur bancaire allemand. (...)
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Ce qui est reproché à Sylvie Goulard, future commissaire européenne
« Risqué », « gênant » : le choix de Sylvie Goulard comme prochaine commissaire européenne fait grincer des dents depuis son annonce par Emmanuel Macron, mercredi 28 août. Non pas pour ses compétences et son engagement européen, qui font plutôt consensus, mais à cause de deux « affaires » qui pèsent sur l’ancienne eurodéputée centriste.
1. Les assistants parlementaires du MoDem
Sylvie Goulard est d’abord citée dans une enquête autour de potentiels emplois fictifs de collaborateurs au Parlement européen. Cette enquête préliminaire pour « abus de confiance », ouverte en juin 2017, ne la vise pas directement ; mais Mme Goulard fait partie des anciens députés européens du MoDem soupçonnés d’avoir employé des assistants parlementaires en les faisant en réalité travailler pour le parti. Ce qui reviendrait, in fine, à détourner l’argent du Parlement, en fabriquant des emplois fictifs. (...)
2. La rémunération par un think tank américain
L’autre reproche qui est fait à Sylvie Goulard n’est pas une affaire à proprement parler. Entre 2013 et 2015, alors qu’elle était eurodéputée, elle a été employée comme « conseillère spéciale » d’un think tank américain pour un salaire mensuel compris entre 10 000 et 12 000 euros brut. Cette activité parallèle n’avait rien de secret : Mme Goulard l’avait fait figurer dans ses déclarations d’intérêts dès la fin de 2013, comme des dizaines d’autres députés. L’information, déjà relevée par le site spécialisé Euractiv en 2014, a resurgi au moment de sa démission du gouvernement, en 2017. Mais elle n’a jamais eu de conséquence judiciaire, car ces activités parallèles sont autorisées au Parlement européen. (...)
Les détracteurs de Sylvie Goulard y voient plutôt un problème éthique. Jean-Christophe Picard, le président de l’association Anticor, interrogé sur Franceinfo, craint qu’elle ait « délaissé » son mandat d’eurodéputée lorsqu’elle travaillait pour le think tank. Les statistiques parlementaires tendent à démentir cette thèse, puisque son assiduité en séance était plutôt bonne.
Les critiques se concentrent également sur la nature du think tank, l’institut Berggruen sur la gouvernance, fondé par le milliardaire américano-allemand Nicolas Berggruen, un fils de collectionneur d’art, ayant fait fortune dans l’immobilier et la finance, avant de prendre le contrôle du groupe de presse espagnol Prisa (il était, à ce titre, membre jusqu’en 2013 du conseil de surveillance du Monde, dont Prisa était un actionnaire minoritaire). Son institut, lancé en 2010, vise à « promouvoir des solutions de long terme aux plus grands défis du XXIe siècle », en « redessinant les institutions politiques et sociales » pour améliorer la gouvernance mondiale. (...)
Ce conseil promeut une politique économique proche de celle d’Emmanuel Macron, mêlant « réformes structurelles » et coups de pouce à l’économie. (...)
selon nos recherches, Sylvie Goulard est la seule des 27 candidats à la Commission européenne à avoir été rémunérée par un think tank par le passé.