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Quand le gouvernement creuse la tombe du secteur associatif
Article mis en ligne le 3 février 2012
dernière modification le 31 janvier 2012

Les associations seraient des entreprises comme les autres. C’est en substance ce qu’affirme une circulaire de François Fillon, qui depuis deux ans met à mal le secteur associatif. Appels d’offres, mise en concurrence, marchandisation : la nouvelle vision du gouvernement transforme encore davantage les associations en prestataires de services, qui doivent rentrer dans les cases de « dispositifs ». Une logique de marché, au détriment de la connaissance de terrain ou de l’expérimentation sociale.

La mauvaise nouvelle est tombée : le centre social Accueil Goutte d’Or (AGO) n’a pas été retenu par le département de Paris pour le suivi d’allocataires du RSA. Une centaine de personnes, au 31 décembre, ont été réorientées vers les onze associations choisies par la commission d’appel d’offres. L’arrêt forcé de cette activité est révélateur de difficultés auxquelles sont maintenant confrontées les petites structures associatives. (...)

« Avec le système de subvention, les citoyens, au travers de leurs associations, pouvaient imaginer et mettre en œuvre des dispositifs, des actions correspondant à leurs besoins spécifiques », précise Bernard Massera. La relation est inversée avec la procédure d’appel d’offres : là, ce sont les pouvoirs publics qui déterminent les besoins et qui transforment les associations en entreprises prestataires de services. Les difficultés sociales deviennent un marché. Plutôt que de collaborer, les associations sont mises en concurrence.

Dans le monde « merveilleux » de la concurrence, les allocataires du RSA sont répartis en plusieurs lots. Un lot pour les SDF, un autre pour les plus de 50 ans, un pour les familles monoparentales, un pour les personnes souffrant d’addictions. Fini, le « ça dépend » reflétant la complexité des situations vécues. Finie, la transversalité que fournissent les petites structures. (...)

désormais, les commissions favorisent les grosses associations qui travaillent sur plusieurs arrondissements. Pour les pouvoirs publics, la crédibilité ne passe plus par la connaissance minutieuse du territoire et des populations, mais par le volume d’activité : les grosses associations proposent des prestations moins chères, car leur taille leur permet des économies d’échelle. Les petites structures sont incapables de s’aligner. Comme pour les travaux publics, le « moins-disant » a toutes chances de rafler « le marché ».

À la clé, la disparition pure et simple des petites structures ou leur absorption par de plus grosses. Autre danger : les associations ont un rôle de laboratoires d’expérimentations sociales. Or, la procédure d’appel d’offres met en place des cahiers des charges extrêmement détaillés. Les associations devraient alors se contenter de fournir les prestations attendues par les pouvoirs publics, ou bien les plus rémunératrices, plutôt que d’innover, ce qui est pourtant une de leurs missions. (...)

Qu’en pensent les élus ? Ils semblent majoritairement persuadés que l’appel d’offres est une preuve de transparence et ne paraissent pas choqués par la transformation des citoyens en consommateurs et des associations en exécutants.
(...)

Le Collectif des associations citoyennes est né en 2010 de la réaction d’une vingtaine d’associations après la publication de la circulaire Fillon. « Le rôle des associations n’est pas uniquement ni même essentiellement un rôle d’opérateurs économiques, explique le collectif. Les associations représentent, avec les instances politiques et les syndicats, l’un des trois piliers de notre vie démocratique. Leurs objectifs, les valeurs qu’elles portent et leurs pratiques sont l’expression de la société civile et de sa contribution à la vie démocratique. » (...)

Le collectif rassemble aujourd’hui plus de 200 associations, dont 35 réseaux nationaux. Il demande que soient reconnues les spécificités de l’action associative, pour les actions qui relèvent des aides d’État
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