
Pourquoi les Européens votent-ils de plus en plus rarement à gauche ? Une analyse sans concession de l’essayiste italien Raffaele Simone
C’est un livre accablant pour la gauche, et qui ne saurait pour autant ravir la droite, hormis ses plus cyniques dirigeants. Linguiste italien renommé, Raffaele Simone y dresse le constat d’un reflux quasi inexorable des idées socialistes et progressistes en Occident, au profit d’une « droite nouvelle », directement branchée sur le nerf de la modernité. (...)
A quoi ressemble cette « droite nouvelle » dont Raffaele Simone pronostique le long règne ? Adaptée à un monde de fun et de consumérisme effréné, cette droite-là n’a pas l’allure autoritaire de ses devancières. Aussi implacable que celles-ci à l’égard des pauvres et des minorités immigrées, elle sait que tout se passe désormais sous l’œil des caméras, et que certaines brutalités archaïques ne seraient plus acceptées. Foncièrement populiste, transgressant volontiers le jeu parlementaire, elle invoque incantatoirement le suffrage du peuple, comme si celui-ci était un chèque en blanc qui lui avait été signé. (...)
En fait de peuple, cette droite-là ne sert guère que les intérêts d’une oligarchie étroite et du petit troupeau médiatique invité à son banquet. Son génie, c’est de s’être adapté aux susceptibilités de la psyché contemporaine, d’hébéter les volontés plutôt que de chercher à les briser. (...)
un nouveau Léviathan politico-financier qui, main dans la main avec les multinationales du soft power, achève de transformer les citoyens européens en fétus de paille tournant dans la spirale d’une consommation festive, faite de congés fantasmés et de smartphones perfectionnés. (...)
« Si l’on ne tente rien, le destin de l’Europe est écrit », prévient l’auteur.
