
Ils ont marqué l’histoire du football, et pas seulement par leur jeu. Socrates au Brésil, Carlos Caszely au Chili, Robbie Fowler au Royaume-Uni : ces joueurs se sont engagés à leur manière en faveur des opprimés.
Les deux premiers contre les dictatures latino-américaines, le troisième en faveur des dockers en grève de Liverpool. A l’heure où le foot est totalement dominé par l’argent et une logique économique malsaine, ces trois portraits nous rappellent qu’une autre conception du football est possible. En partenariat avec Fakir Éditions à l’occasion de la sortie du livre « Comment ils nous ont volé le football ». (...)
Refus de serrer la main de Pinochet
Qualifiée pour le Mondial de 1974 en Allemagne, la sélection chilienne est reçue par le général Pinochet en personne avant son envol pour l’Europe. Carlos Caslezy décide de frapper fort : « D’un coup les portes s’ouvraient et il y avait ce type avec une cape, des lunettes noires et une casquette. Avec une figure aigre. Sévère. Il commence à marcher… Et à saluer les joueurs qualifiés pour le Mondial en Allemagne. Et quand il arrive très près, très près, je mets mes mains derrière moi. Et quand il me tend la main, je ne lui serre pas. Et il y a eu un silence qui pour moi a duré mille heures. Ça a dû être une seconde ? Et il a continué. Moi, comme être humain, j’avais cette obligation parce que j’avais un peuple entier derrière moi en train de souffrir, et que personne ne faisait rien pour eux. Jusqu’à arriver à un moment où j’ai dit stop… Non à la dictature ! Au moins, laissez-moi protester. Au minimum, laissez-moi le dire. Au minimum, laissez-moi dire ce que je ressens. »
Son geste, l’attaquant le paiera très cher. À son retour d’Europe, sa mère lui confie, en larmes, qu’elle a été arrêtée et torturée (...)