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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Qu’est-il arrivé à ces héros ?
Article mis en ligne le 27 août 2015
dernière modification le 22 août 2015

La Journée mondiale de l’aide humanitaire rend hommage aux travailleurs humanitaires qui ont été tués dans des zones de conflits dans le monde. Or, selon Paul Currion, chroniqueur invité d’IRIN, l’héroïsation des travailleurs humanitaires fait abstraction de la difficile question de la responsabilité de ces décès. ;

(...) Tout le monde préférerait mourir en héros plutôt qu’en victime ; c’est l’un des moyens que nous avons trouvés pour surmonter l’horreur. Le problème avec le discours du héros, c’est qu’il véhicule une image trompeuse des travailleurs humanitaires. Il les présente d’une certaine manière comme séparés des membres du grand public, et, implicitement, comme meilleurs qu’eux, ce qui sape à la fois le professionnalisme des travailleurs humanitaires et la capacité du public. L’héroïsation des travailleurs humanitaires (et des électriciens) nous amène aussi à croire que la mort fait partie intégrante du système, qu’elle est un risque du métier – ce qui est faux.

Le discours du héros nous fait oublier que ce sont des lacunes en matière de gestion qui sont responsables de la mort des victimes du Canal Hotel – et de celle de nombreux travailleurs humanitaires depuis. Malgré les améliorations apportées à la gestion de la sécurité dans la décennie qui a suivi l’attentat – il faut aussi garder à l’esprit que certaines de ces améliorations ont possiblement eu des conséquences négatives sur la fourniture de l’aide –, le nombre de décès de travailleurs humanitaire a continué d’augmenter, atteignant un niveau sans précédent en 2013.

La Journée mondiale de l’aide humanitaire devait au départ servir à commémorer ces décès, mais ils sont aujourd’hui mystérieusement absents des grands titres de la campagne, qui mettent plutôt l’accent sur les histoires individuelles inspirantes ayant un plus grand attrait commercial. Cela comprend les histoires des personnes affectées par des catastrophes. Ces histoires doivent être entendues, mais elles risquent encore une fois de cacher les corps des victimes aux yeux du public. Tout cet héroïsme pourrait nous faire croire à une fin heureuse, mais les fins heureuses sont rares dans le secteur humanitaire.

Un débat commence à émerger au sujet de l’importance de fournir un soutien aux travailleurs humanitaires nationaux et internationaux pour les aider à surmonter les conséquences psychologiques de leur travail. (...)