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Qu’est-ce que la créolisation, nouvel étendard de Jean-Luc Mélenchon ?
Article mis en ligne le 2 octobre 2021

« L’assimilation, ça n’existe pas ! Ce qui existe, c’est la créolisation. Et on passe par des étapes : il y a d’abord l’intégration de ceux qui arrivent. Si elle est réussie, la créolisation va se faire plus vite. »

« Créolisation », le terme a été martelé par Jean-Luc Mélenchon tout au long du débat qui l’opposait à Éric Zemmour sur le plateau de BFMTV. Et c’est assez nouveau. Développé par le poète Édouard Glissant, ce concept était peu présent dans la bouche du candidat de La France insoumise à la dernière élection présidentielle. Mais alors que la nouvelle campagne promet d’être centrée plus que jamais sur les questions identitaires, le député semble avoir trouvé la parade.

Jean-Luc Mélenchon fait de la créolisation un des grands axes idéologiques de sa candidature. Pourquoi cette mise en avant soudaine ? Le leader de gauche a affirmé à l’Insoumission, le média de La France insoumise, avoir redécouvert le concept d’Édouard Glissant grâce au député européen Younous Omarjee. Quand on lui demande si c’est bien lui qui a remis Édouard Glissant dans les mains du tribun, l’élu LFI confirme : « Quand vous avez une responsabilité politique, il faut faire des efforts pour comprendre les mouvements non perceptibles. On doit essayer de saisir les grandes tendances et, pour nous en tout cas, trouver des solutions pacifiques face à ces transformations. »

D’origine réunionnaise, Younous Omarjee estime que le monde créole, qu’il connaît bien, est même l’exemple à brandir comme idéal face au discours de la droite sur l’assimilation. « Je viens d’un monde créole et je suis la preuve vivante de ce à quoi ressemble ce monde », avance-t-il. Un monde dans lequel les échanges culturels sont si importants que, comme le disait Jean-Luc Mélenchon durant son débat avec Éric Zemmour, le couscous serait l’un des plats préférés des Français.
Un processus perpétuel

Comment résumer le concept développé par Édouard Glissant ? « La créolisation, c’est la rencontre des altérités qui produit des situations nouvelles, répond Younous Omarjee. C’est pourquoi il ne faut pas s’en inquiéter ! C’est une lecture très optimiste, et c’est pour ça qu’elle est intéressante. » (...)

La créolisation serait donc un processus sans fin puisque tous les nouveaux apports vont être intégrés dans cette construction identitaire commune. Pour Édouard Glissant, qui s’appuie notamment sur l’exemple de l’émergence du jazz, l’une des grandes forces de ce processus infini tient en un mot : son imprévisibilité.
Une opportunité politique

Pour la gauche, la créolisation pourrait permettre de marquer des points dans la lutte très gramscienne de l’hégémonie culturelle, selon laquelle la conquête du pouvoir passe par celle de l’opinion publique. Jean-Luc Mélenchon répète à l’envi qu’il y voit même le chaînon manquant à l’universalisme qu’il défend. Face à Éric Zemmour, il en a même fait le cœur de sa pensée sur les questions identitaires et a opposé le processus de créolisation au communautarisme (...)