Ciel bleu, soleil resplendissant, deux énormes pieds de lavande en fleurs : les conditions sont idéales pour les papillons. Chaque jour, je les compte. Le plus gros score : deux piérides, quatre belles-dames et un amaryllis. La prairie, elle aussi, est généreuse : scabieuse, achillée millefeuille, séneçon, verveine sauvage, ombellifères. Une dizaine de demi-deuil seulement et quelques amaryllis. Du jamais vu depuis neuf ans que je vis dans ce coin encore préservé de ce qui reste du bocage berrichon. Les papillons s’évanouissent à grande vitesse et, plus généralement, tous les insectes. Où est passée cette joyeuse vie ? À coups de pesticides, d’engrais et de machines, l’agriculture industrielle détruit tout.
Des chercheurs allemands ont mesuré une diminution de 75 % des insectes en 27 ans dans les réserves naturelles pourtant protégées et, selon une étude australienne publiée en février 2019, le taux d’extinction des insectes est huit fois supérieur à celui des autres espèces animales.
Pourtant à l’évidence, cela préoccupe fort peu les puissants de ce monde qui continuent à voir à court terme pour faire gonfler encore leurs bourses déjà bien rondes. Plus grave sans doute, une majorité de la population ne se rend absolument pas compte de cette évolution dramatique. Pour eux, tant que l’herbe est verte et les arbres debout, la nature se porte bien. Et puis tant mieux si ces petits animaux agaçants, urticants ou piquants sont moins nombreux. Ben voyons donc ! (...)
Chaque maillon de la chaîne doit être préservé sinon le système entier est désorganisé
Les insectes disparaissent mais les oiseaux, les chauves-souris, les amphibiens, les reptiles et même les fleurs sauvages aussi. De fait, tout est lié (...)
« La biodiversité est un sujet aussi important que le changement climatique et nous ne pouvons gagner cette bataille qu’en œuvrant sur tous les leviers », a déclaré le président Macron le 6 mai dernier. Un effet d’annonce de plus, mais ce qu’il faut de toute urgence, ce sont des actes forts, l’interdiction par exemple de tous les pesticides de synthèse comme le prône le mouvement des coquelicots initié par Fabrice Nicolino et l’association Générations futures. Mais qui, parmi nos élus, se soucie vraiment de l’avenir de la planète au-delà des élections ou de la prochaine crise économique ? (...)
L’enjeu planétaire est connu. Protéger les insectes et plus largement la nature, c’est protéger l’Homme et son avenir. Jamais on n’a détruit la vie aussi vite et aussi fort. Face à l’incapacité de notre civilisation à retrousser sérieusement ses manches, ne soyons pas pour autant « aquoibonistes » et retroussons les nôtres, individuellement. Ce ne sera pas vain même si pour certaines espèces déjà disparues, il est trop tard. (...)
Faisons confiance à la nature, laissons la tranquille, ne la pillons plus. L’heure est au choix entre le respect du vivant ou son anéantissement par le consumérisme. (...)
Le bain des oiseaux fait désormais partie des gestes connus en faveur de l’avifaune, mais qui pense à installer un bistrot pour les insectes ? Comme tous les êtres vivants, les insectes ont besoin de boire. Certaines espèces ont également besoin d’eau pour confectionner le mortier qu’elles utilisent pour bâtir ou clore les cellules dans lesquelles vivront leurs larves. Ces abreuvoirs doivent être de faible profondeur sous peine de noyade, tout en vérifiant régulièrement le niveau car, en plein été, l’eau s’évapore rapidement. L’astuce est de mettre des cailloux ou des billes d’argile ou de verre dans un récipient, pour que les insectes puissent se poser et boire sans risque, tout en maintenant une réserve d’eau suffisante.