
Quelle différence entre la folie d’un Kadhafi déclarant en pleine guerre civile qu’il a le soutien de tout son peuple, et la jubilation d’entreprises du CAC40 annonçant la “reprise” de profits records (+85% !) dans un pays aussi manifestement en faillite que ne l’est la France ?
Bon d’accord, la différence est que le premier fait bombarder sa propre population quand les seconds se contentent de lui vendre matériels et munitions pour y parvenir.(...)
on se rappellera qu’à la veille de frôler le cimetière en 2008, les mêmes vantards affichaient aussi une santé insolente.(...)
Quant aux fabuleux profits des entreprises du CAC40 en période de stagnation, on n’aura aucun mal à démontrer qu’il proviennent essentiellement de multiples coups en vache sur les fameux “frais de fonctionnement”, c’est à dire sur le dos des bêtes de somme salariée ou fiscalisée : plans sociaux, non remplacements des départs, délocalisations, cadeaux fiscaux (suppression de la taxe professionnelle)…(...)
Je me rappelle ce grand patron du CAC40 déclarant à des représentants syndicaux médusés :
« Il n’y a plus de long terme, plus de moyen terme, seul existe le très très court terme. »
« Dingues, ils sont aussi aussi dingues que des Kadhafi ! »(...)
Le problème, c’est que nous, nous ne sommes pas encore des Libyens, ou des Tunisiens, ou des Égyptiens exaspérés. Même pas des citoyens américains du Wisconsin .
Nous n’avons pas encore atteint ce degré d’intolérable et d’insupportable qui seul fait bouger les foules. Une grande majorité d’entre nous s’accroche aux lambeaux d’une splendeur passée qu’elle veut croire envers et contre tout impérissable. Au point de gober le moindre signe tordu d’espoir de rémission. Au point de sombrer, nous dit-on (les sondages !), entre les bras nauséeux des forces régressives .(...)
Dans les périodes de grandes crises, les solutions ne tiennent plus aux molles majorités, mais aux minorités agissantes. Chacun d’entre nous a son destin en mains s’il parvient à s’extirper des généralités anesthésiantes du moment. (...)