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Mediapart
Procès Bismuth en appel : Nicolas Sarkozy exhorte ses juges à lui accorder une relaxe
#Sarkozy #Bismuth
Article mis en ligne le 17 décembre 2022

Le procès de l’affaire de corruption dite « Paul Bismuth » s’est achevé jeudi soir sur une déclaration de l’ex-président de la République. La cour d’appel de Paris rendra sa décision le 17 mai.

NicolasNicolas Sarkozy se lève, et s’approche de la barre. Il est le dernier à prendre la parole, jeudi 15 décembre au soir, au terme des deux semaines du procès en appel de l’affaire de corruption dite « Paul Bismuth », au palais de justice de Paris. Certainement conscient de sa faible popularité au sein de la magistrature, et ne voulant pas recréer le climat d’affrontement qui régnait lors du procès en première instance voici deux ans, l’ancien chef de l’État adopte ce soir un ton doucereux et des propos mesurés.

« C’est la première fois dans ce long parcours judiciaire que je rentre dans un tribunal sans avoir le sentiment que mes juges ont un a priori », commence Nicolas Sarkozy, presque mielleux. À cet instant, il semble surmonter l’humiliation d’un nouveau procès public dans lequel, malgré la courtoisie des débats, les questions qui fâchent sont encore posées.

S’il est combatif et parfois véhément, explique-t-il, c’est pour une bonne raison. « Ce n’est pas que je veux gagner, c’est que je déteste l’injustice. J’irai jusqu’au bout. Je ne lâcherai jamais ! », s’échauffe l’ex-président. « Je ne m’excuserai pas pour un délit que je n’ai pas commis. Je me battrai jusqu’au bout parce que je suis innocent ! », lance-t-il, dans le style survolté qui lui est propre.

L’animal politique perce encore sous le costume du prévenu. Sarko le teigneux est de retour. Dans son réquisitoire, l’avocat général avait-il cru pouvoir parler de ce dossier Paul Bismuth – une affaire de corruption de magistrat et de trafic d’influence impliquant tout de même un ex-président et son avocat –, comme du scandale le plus grave de la Ve République ? Nicolas Sarkozy s’en étrangle de rage.

« Est-ce que monsieur l’avocat général connaît l’histoire de la Ve République ? », vitupère l’ex-président. Il cite pêle-mêle l’affaire du Rainbow Warrior, « avec des morts », et celle des emplois fictifs de la mairie de Paris, dans laquelle « 1,5 million d’euros d’argent public ont été mis à la responsabilité de Jacques Chirac. Moi ? Pas un centime, pas un avantage ! », lance un Sarkozy indigné, sans trop de considération pour feu son prédécesseur à l’Élysée, ancien mentor et camarade de parti. (...)

De nombreux problèmes de droit ont été soulevés pendant ce procès en appel. L’offensive de la défense pour pilonner la force probante des écoutes, sur laquelle repose le jugement de culpabilité (solidement charpenté) qui avait été rendu en première instance, donnera également de quoi réfléchir à la présidente de la chambre correctionnelle d’appel, Sophie Clément.

La magistrate a annoncé ce jeudi soir que la décision de la cour était mise en délibéré au 17 mai 2023. Rien ne dit que les autres dossiers judiciaires dans lesquels Nicolas Sarkozy est impliqué, ou simplement cité, n’auront pas évolué d’ici là.

Lire aussi :

Affaire "Paul Bismuth" : trois ans avec sursis requis contre Nicolas Sarkozy en appel

Le parquet général a requis mardi trois ans de prison avec sursis à l’encontre de l’ancien président Nicolas Sarkozy, 67 ans, rejugé à Paris pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des "écoutes", qui lui avait valu de la prison ferme en première instance. Une peine identique a été demandée pour ses deux coprévenus, son avocat historique Thierry Herzog (67 ans) et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert (75 ans).

Le ministère public a en outre réclamé une interdiction des droits civiques de cinq ans pour M. Sarkozy et M. Azibert, ainsi qu’une interdiction d’exercer la profession d’avocat pendant la même période pour Me Herzog.

Ces réquisitions sont bien en-deçà de la peine prononcée en première instance le 1er mars 2021 à l’encontre des trois prévenus, qui avaient été condamnés à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme. Nicolas Sarkozy était alors devenu le premier ex-chef de l’Etat condamné à de la prison ferme - Jacques Chirac avant lui s’était vu infliger du sursis.

"Double atteinte à la loi et à nos institutions"

A l’issue de cinq heures de réquisitoire, l’avocat général Yves Micolet a parlé d’une "affaire d’une gravité sans précédent au cours de la Ve République", qui "ne se contente pas de secouer notre démocratie mais en sape les fondements".

"C’est la corruption jour après jour, conversation après conversation, tel un mauvais feuilleton, d’un des plus hauts magistrats français (...) par un ancien président de la République et par un des avocats les plus renommés. Voilà ce que vous avez à juger", a-t-il estimé.

Nicolas Sarkozy, "ancien président garant de l’indépendance de la justice", a porté une "double atteinte à la loi et à nos institutions", a poursuivi le représentant de l’accusation. (...)