
(...) A la fin du mois de juin 2011, les autorités sanitaires ont mis en place des études épidémiologiques afin d’évaluer l’état de santé des personnes qui ont été exposées aux rejets radioactifs et de suivre son évolution. En théorie, les résultats de ces études épidémiologiques devraient permettre de disposer d’informations sur l’incidence de certaines pathologies au sein de la population japonaise (cancers, leucémies, troubles psychologiques, thyroïdiens, hépatiques, rénaux, diabète, etc.) et d’évaluer les conséquences sanitaires de l’exposition de la population aux retombées radioactives. Prévues pour une durée d’environ 30 ans, le pilotage de ces études a été confié à l’Université médicale de Fukushima, présidée par le très controversé Shinichi Yamashita.
Parmi ces études, l’une consiste à réaliser un bilan thyroïdien pour tous les enfants âgés de moins de 18 ans qui se trouvaient dans la préfecture de Fukushima pendant la phase des rejets : cette étude, qui a pour principal objectif la mise en évidence d’une éventuelle augmentation des cancers de la thyroïde telle qu’elle a été observée chez les enfants exposés aux retombées radioactives de l’accident de Tchernobyl, portera sur environ 360 000 enfants nés jusqu’au 1er mars 2012.
(...) L’étude publiée par la préfecture de Fukushima en janvier 2012 montrait que sur 3755 enfants, 1143 d’entre eux, soit 30,4% des enfants testés, avaient des nodules ou des kystes de taille variable (jusque 20,1 mm). Or, cet état sanitaire qui doit servir d’« état zéro » de cette population était déjà inquiétant au vu du témoignage de ce médecin : « En 30 ans de pratique de médecine générale en milieu rural français, je n’ai pas rencontré d’enfant ayant un nodule thyroïdien. (Juste quelques gonflements de le thyroïde à la puberté ; phénomène banal). Je peux confirmer que les nodules thyroïdiens chez l’enfant sont rares. 30 % c’est beaucoup. Dans la littérature médicale on parle de 0,2 à 1,4% pour les moins de 18 ans (ce chiffre monte à 3,5 % si on réalise des examens systématiques par échographie). On aurait donc un facteur 10 ». (...)
selon les résultats d’avril 2012, 13 380 enfants, soit 31,1 % des enfants testés, ont un kyste thyroïdien, ce qui confirme les résultats de janvier 2012. Même si les kystes liquidiens ne signifient pas qu’il y ait une chance immédiate de cancer de la thyroïde, quelque chose d’anormal se passe dans la glande thyroïde de ces enfants. D’où l’inquiétude légitime des parents. (...)
En janvier 2012, alors qu’il commençait à publier les premiers résultats, le chef des opérations, Shinichi Yamashita, a envoyé une lettre aux spécialistes des maladies thyroïdiennes dans tout le Japon, leur demandant de ne pas établir d’autre diagnostic pour les familles concernées. La demande de Yamashita est pourtant un acte contraire à la loi médicale qui prévoit qu’en aucun cas un médecin ne doit refuser un examen. Ainsi, par cette démarche, ce « scientifique » démontre encore une fois sa totale soumission au village nucléaire : il veut rester le maître absolu des résultats. Pas question d’établir d’autres mesures qui pourraient contredire les données officielles. Une raison de plus pour s’inquiéter quand on a un enfant qui a des grosseurs anormales dans la thyroïde ! (...)
Le programme ETHOS, financé par l’Europe, qui visait entre autres au « développement d’une culture du risque radiologique pratique au sein de la jeunesse par l’école » n’est autre qu’un programme destiné à faire accepter à la population de vivre dans une zone contaminée. La décontamination d’un territoire qui a subi des retombées radioactives étant impossible et l’évacuation des habitants étant trop coûteuse, le village nucléaire international a trouvé la solution : faire croire à la population qu’on peut vivre en zone contaminée sans danger. Résultat des courses : malgré le programme ETHOS dont tous les participants officiels se sont félicités de la réussite, la courbe de progression des pathologies n’a cessé de croître et aujourd’hui, 40 à 80 % des enfants vivants en territoire contaminé dans la région de Tchernobyl sont malades.
Au Japon, on fait semblant de ne pas savoir. (...)