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La Croix
Privés de route, des habitants de Sospel obligés de randonner jusqu’à chez eux
Article mis en ligne le 22 octobre 2018
dernière modification le 20 octobre 2018

"On est venu ici parce que c’est sauvage, mais là, on commence à en avoir marre" : depuis le 14 avril et l’effondrement d’une route, une cinquantaine d’habitants de Sospel (Alpes-Maritimes), comme Laure Accorsi, n’ont plus que deux sentiers pour rentrer chez eux.

A la place de la petite départementale du Moulinet, un fil de téléphone pend dans le vide, tendu entre deux poteaux à fleur de précipice. En contrebas, la rivière Bevera est bouchée par plus 200.000 tonnes de roche de couleur ocre que des pelleteuses du département s’activent à déblayer. Friable comme du plâtre, la montagne, truffée de gypse, s’est tout bonnement décrochée.

Pour monter au hameau de Béroulf et au plateau de Sainte-Sabine, "il n’y a rien qui passe, même pas une brouette à moteur !", plaisante Jacques Denaix, un sexagénaire que la situation amuse, même si ce n’est pas le cas de tout le monde : "Ca nous fait aller au bout de nous-mêmes !".

A l’approche de l’hiver, il se démène pour organiser des héliportages, conscient aussi des tensions entre voisins, regroupés dans une association, "Les Déroutés".(...)

Pour monter, ce n’est ni l’Everest, ni le cirque de Mafate à La Réunion. Une demi-heure de marche suffit, et en haut, il y a l’électricité, l’eau de source et le téléphone, rétabli après un mois et demi de coupure.

 "J’achète moins, je gaspille moins !" -

Mais rentrer chez soi prend des allures de montée en refuge : il faut faire les courses différemment, fuir les emballages, redescendre les poubelles, et par temps de pluie, c’est la boue et le risque de chute garantis.(...)

Aux ânes, comme première solution de portage, ont rapidement succédé les sacs à dos. "On ne remonte jamais à vide", explique Bernard Lavedere, un physique de citadin plus que de sherpa, rencontré sur le parking avec "7 à 8 kilos de courses" sur les épaules et un gros sac à la main. (...)