
Le printemps est presque arrivé. Ses signes tangibles ne trompent pas, comme d’ailleurs ceux de la Troïka, nommée... “les institutions”. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire en Grèce, que depuis le nouveau gouvernement “ce n’est tout de même pas comme avant”. Le dernier weekend était encore suffisamment clément pour permettre aux nantis comme à de nombreux autres, de remplir les cafés des bords de mer, au sud d’Athènes par exemple.
(...) ce gouvernement est très combattu de l’extérieur, ainsi que de l’intérieur du pays, comme aucun autre parti depuis bien de décennies.
Sans exagération aucune, Aléxis Tsípras a souligné lors de la réunion extraordinaire du Comité central de SYRIZA qui s’est tenue le weekend dernier, que “depuis l’intérieur comme, depuis de l’extérieur, tout était déjà préparé pour faire tomber notre gouvernement, et autant le pays ; tel fut le sens du piège organisé durant les pourparlers à Bruxelles. Et dans cette affaire, le parti de la Droite européenne, celui de la Nouvelle démocratie d’Antonis Samaras a activement pris sa part. Ces puissances ne souhaitaient pas que l’exemple grec ait une influence sur d’autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne, prévues pour la fin de l’année, comme au Portugal ”.
Déclaration qui a provoqué les contre-déclarations des intéressés (...)
Sur le plan intérieur (et comme d’ailleurs le remarque avec justesse... et même tristesse une certaine presse mainstream), le gouvernement SYRIZA/ANEL a déjà ouvert les hostilités devant les oligarques d’Athènes, à un moment d’ailleurs où le chantage ouvertement exprimé par les “partenaires” au sein de l’Eurogroupe et notamment par Wolfgang Schäuble (ministre des Finances de l’Allemagne), voudrait que les reformes austéritaires reprennent tout leur sens, au risque sinon, d’asphyxier un peu plus, le fonctionnement de l’État grec et cela, jusqu’à la faillite (officielle) pense-t-on à Bruxelles, comme à Athènes.
Ouvrir ainsi les hostilités contre les oligarques locaux et autant autres gros... espadons de la fraude fiscale, n’est pas une tâche facile. En outre, cette bataille interne doit être suffisamment... gagnée, si possible avant la fin de la prolongation de quatre mois, de l’accord entre la Grèce et l’Eurogroupe du vendredi... (suffisamment) noir du 20 février dernier. (...)
Autour de moi, je remarque ce travail incessant que les événements s’obligent... à imposer à nos consciences évolutives. Et cela, jusqu’au récent Comité central de SYRIZA. Certes, la proposition de la majorité interne (et d’Aléxis Tsípras) a pu passer, néanmoins, un texte présenté par l’aile gauche du parti (30% au sein du Comité central), rejetant l’accord conclu lors du dernier Eurogroupe, à obtenu 40% des voix, et même 45%, si l’ont tient compte des abstentions et des blancs. Ce qui veut dire qu’en interne, les... conclusions (ou contorsions, c’est selon) de l’Eurogroupe du 20 février, n’obtiennent que l’aval du 55% des cadres SYRIZA. (...)
Cependant, personne ne niera la gravité des moments. Nous voilà ainsi dans cette situation très inédite, où le presque... mémorandum de la dernière malchance, peut alors être interprété comme un début à la libération (version de l’histoire incarnée par Aléxis Tsípras et par ses proches), où sinon (comme le souligne la mouvance gauche chez SYRIZA même), un précédant certes fatal par la force des choses et du chantage, un précédant qu’il va donc falloir annuler dans les quatre mois qui suivront.
C’est ainsi que le gouvernement présentera dès cette semaine au Parlement, ses premières mesures anti-austérité. Aléxis Tsípras vient d’annoncé la couleur... rose des quatre projets de loi de la semaine, et dans l’ordre : Une loi cadre pour faire face à la crise humanitaire, une autre, pour résoudre le problème des dettes impayées, puis viendront, le rétablissement de l’ERT (la radiotélévision publique ayant connue la... mort subite sous le gouvernement Samaras), la lutte contre l’évasion fiscale, la protection de la résidence principale devant les saisies effectuées déjà, et enfin, cette proposition visant à créer un Comité d’examen dans le but de déterminer les circonstances et surtout les responsabilités du personnel politique qui a fait plonger le pays dans le régime du mémorandum en 2010 et en 2012.
En outre, le premier ministre grec, a déclaré que le retrait de l’autorisation de l’usine d’extraction de l’or à Skouriés au Nord de la Grèce, a été nécessaire afin de vérifier si certaines dispositions sont respectées. Les oligarques... apprécieront ! (...)
Il reste toutefois un détail important. Le gouvernement ne souhaite pas faire adopter par le Parlement, le texte signé à l’Eurogroupe. Les partis de l’opposition s’en indignent avec la plus grande hypocrisie certes ; toutefois, cette intention affichée du gouvernement est certainement plus (ou mieux), qu’une simple opération visant à éviter les déchirements au sein même de la majorité SYRIZA/ANEL.
Cela rassemble davantage à une prise de précaution qu’à autre chose. Les juristes de la majorité, dont Zoé Konstantopoúlou Présidente du Parlement, estiment qu’il est préférable de ne pas engager juridiquement la responsabilité de l’Assemblée sur cette affaire, la laissant ainsi mûrir... ou pourrir. Toute l’ambigüité d’ailleurs de notre moment historique tient aussi à cela. Et elle ne durera certainement pas. (...)