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Près de Paris, les terres exceptionnelles du plateau de Saclay menacées par le béton
Article mis en ligne le 30 janvier 2017

Plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles de France vont être recouvertes par le projet de cluster scientifique et technologique de Paris-Saclay. Un non-sens absolu pour les opposants, alors qu’une transition agricole vers le bio et les circuits courts s’amorce sur le plateau.

(...) Les deux plus gros sites, autour de l’École polytechnique à Palaiseau et au Moulon sur les communes de Gif-sur-Yvette et Orsay, engloutissent à eux seuls 569 hectares (ha) de terrains.

Un projet pharaonique contre lequel s’élèvent une trentaine d’associations locales, inquiètes pour l’avenir de l’activité agricole sur leur territoire. (...)

Pire, certaines terres agricoles sont sacrifiées au profit de bassins de rétention d’eau construits au titre de la compensation environnementale. (...)

Certes, la loi du Grand Paris sanctuarise une zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) d’une surface de 2.300 hectares. Mais Claudine Parayre, de Saclay citoyen, est sceptique : « Normalement, elle est inviolable, pourtant un golf des Yvelines y a déjà grignoté un hectare. Avec l’arrivée du métro, la pression pour l’urbanisation va être très forte. » (...)

Ce mitage est d’autant plus préoccupant que les terres agricoles du territoire sont d’une qualité exceptionnelle. « Ce sont des limons éoliens qui datent de l’âge glaciaire, souligne Cyril Girardin. Des enquêtes patrimoniales menées en 2003 et 2013 ont confirmé les gros atouts agricoles, forestiers et hydrauliques du plateau. »
La transition agricole en cours menacée par l’urbanisation

Plusieurs exploitations ont su miser sur ces qualités et se convertir progressivement aux circuits courts, voire à l’agriculture biologique. (...)

Toutes ces exploitations ne sont pas menacées par le projet Paris-Saclay. Mais pour Catherine Giobellina, le risque se situe à moyen terme, avec l’arrivée de la ligne 18 : « Dès que le métro a été mis en place dans la vallée de Chevreuse, elle s’est urbanisée à toute vitesse », rappelle la vice-présidente de France nature environnement (FNE) Île-de-France. D’autant que les gouvernements successifs n’ont pas l’air très décidé à protéger les agriculteurs du territoire. Dans son livre la Croissance ou le Chaos, Christian Blanc, secrétaire d’Etat au Grand Paris sous la présidence de Nicolas Sarkozy, écrivait que « le meilleur moyen d’éviter le mitage des terres agricoles du plateau était d’anticiper la fin de la vocation agricole de celui-ci », rappelle Saclay citoyen. (...)

Depuis septembre 2015, ce collectif d’associations actionne tous les leviers juridiques dont il dispose pour stopper le programme. Il a réclamé l’organisation d’un débat public sur le cluster et sa desserte, en principe obligatoire pour les projets d’un coût supérieur à 300 millions d’euros. Il a déposé un recours au tribunal administratif de Versailles contre la déclaration d’utilité publique (DUP) de la ZAC de Corbeville, et un autre contre celle de la RD 36. Il a également envoyé une pétition à la Commission européenne, jugée recevable le 19 janvier. Une pétition en ligne pour un moratoire sur les travaux jusqu’à l’épuisement des recours, lancée en décembre 2016 et adressée au Premier ministre, recueillait le 20 janvier quelque 5.250 signatures. (...)

« Regardez les candidats à l’élection présidentielle. Qui parle de comment il compte nourrir les gens, alors que Paris n’a qu’un à trois jours d’autonomie alimentaire en cas de blocage des transports ? Le contenu de l’assiette a complètement été décorrélé du champ et c’est ça qui est dramatique. »