
De plus en plus décriée pour sa politique économique et sociale qui laissent les citoyens entre les mains du marché, l’Union Européenne est par contre souvent citée en exemple pour son action volontariste dans le domaine de l’environnement. Tout un ensemble de directives et de règlementations sont prises afin de protéger tel ou tel biotope remarquable, telle ou telle espèce menacée. Le réseau Natura 2000 concerne ainsi l’ensemble des pays européens. Et la communication institutionnelle ne manque jamais une occasion de rappeler que « les exigences de la protection de l’environnement doivent être intégrées dans la définition et la mise en œuvre des politiques et actions de la Communauté, en particulier afin de promouvoir le développement durable. ». La volonté de l’Europe apparaît particulièrement ferme mais, dans les faits, elle se délite face aux exigences d’une économie de croissance qui privilégie les intérêts des firmes.
ans le domaine agricole, malgré toute une panoplie de mesures d’origine européenne visant à mieux encadrer et à tenter de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires, la consommation de pesticides a significativement augmenté en France ces dernières années, en dépit de l’amélioration de l’efficacité des molécules à faible dose. Entre 2011 et 2014, les statistiques de vente présente une tendance moyenne à la hausse de près de 6%.
Et l’Europe vient en particulier de céder devant Monsanto. Malgré l’alerte lancée par le CIRC ( Centre International de Recherche sur le Cancer) concernant le glyphosate (la molécule active du Roundup, l’herbicide le plus vendu dans le monde) qu’il vient de classer dans la catégorie « cancérigène probable » dans sa formulation commerciale, la Commission européenne a décidé le 29 juin de prolonger l’autorisation de mise sur le marché de la molécule pour une durée de 18 mois.
La commission foule ainsi au pied le fameux principe de précaution présenté pourtant comme un des piliers de sa politique environnementale. Il est sans doute plus facile de faire respecter aux éleveurs industriels une dimension minimum - au cm près - pour leurs cages de poules pondeuses afin d’assurer aux volatiles un confort minimum bien théorique que de contrecarrer les ambitions d’une grande transnationale de l’agro-business.
Pour protéger la nature l’Union Européenne se contente d’ériger une multitude de petites digues mais prend bien garde à ne pas entraver trop durement le courant du productivisme et le mouvement des affaires. Les textes européens en matière d’environnement semblent surtout servir à alimenter une communication en trompe-l’œil sans lien avec la réalité et promeuvent un développement durable qui satisfait les entreprises.
L’Europe de Bruxelles administre sous influence et ne contrevient qu’exceptionnellement aux intérêts mercantiles des lobbies qui font quotidiennement le siège de ses bureaux. Elle prétend par le biais de la directive communautaire "Habitats, Faune, Flore", plus communément appelée Directive Habitats « assurer le maintien de la diversité biologique par la conservation des habitats naturels, ainsi que de la faune et de la flore sauvages » mais elle se révèle bien incapable d’interdire de grands projets inutiles comme le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre Dames des Landes qui sont totalement contradictoires avec les objectifs affichés.
Pour avoir tenté de pallier ces insuffisances, un lanceur d’alerte comme Rémi Fraisse en est mort.
Dans cette Europe que les Anglais viennent de quitter, pouvons-nous être autre chose que des producteurs et des consommateurs assujettis à des intérêts privés ?