
C’est prétendument au nom de l’urgence sécuritaire que François Hollande et Manuel Valls brandissent la nécessité d’accroître le pouvoir policier au détriment du judiciaire et de déchoir les nationaux auteurs de crimes, ou même de délits, « constituant une atteinte grave à la vie de la nation ». C’est prétendument au nom de l’urgence économique et sociale que les mêmes veulent infliger un choc d’insécurité au salariat en pliant le code du travail aux exigences du Medef.
Pourtant, rogner les libertés publiques ou déchoir les auteurs de délits ou de crimes ne réduira en rien la menace terroriste. Pas plus qu’on ne créera d’emplois en renforçant l’arbitraire patronal sur le contenu des contrats de travail ou les modalités de leur rupture. Alors à quoi bon ? La réponse est simple : pour l’oligarchie au pouvoir, renforcer le pouvoir de l’appareil répressif et du patronat est vital quand on mène des politiques qui attisent les tensions et précarisent toujours plus la société.
Mais la sidération commence à céder devant l’indignation et la révolte. Les manifestations du 9 mars contre la loi Travail et du 12 mars contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité participent du même sursaut de la société contre ses gouvernants. Les jeunes, les syndicalistes, les militants associatifs, et beaucoup de citoyen·ne·s jusqu’ici non engagé·e·s, ont compris une chose : c’est le moment où jamais de stopper la spirale infernale dans laquelle ce gouvernement nous entraîne. Le pouvoir citoyen doit s’affirmer contre l’état d’urgence. Nous y serons.